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le deblognote

26 juillet 2009

merci le loup

Merci le loup !

Le France aime son tour de France cycliste dixit les journaux.

Avachi au bord de ma piscine en ce beau mois de juillet je parcours le journal local, « le daubé » pour ceux qui ne respect rien. Vous aurez compris « le Dauphiné libéré » pour les érudits (sic).

Et je me dis bon dieu le tour de France passe ce jour sous mes yeux, la bas en face en contrebas dans cette vallée du Grésivaudan baignée de lumière.

M'enfin la lumière c'est pour les nantis de l’adret où je suis présentement.

Parce que en face c'est la  pénombre bien que la matinée soit bien avancée.

C'est le versant nord de la montagne, avec ses usines, ses cités ouvrières j’ai nommé les dénantis de l’ubac.

Ni une ni deux je cours n'encanailler avec la prolitude !

Je rejoins les spectateurs déjà massés dans un petit village dont l’étroitesse de la grand’ rue assurera une bonne vision de la chose.

A la queue leu leu qu’il devra le traverser ce bourg sinon c’est l’embouteillage assuré du peloton.

En fait de queue c’est celle d’un loup que je vois de prime abord.

Et puis d’autres trucs bizarres : une dépouille de mouton sanguinolente, des photos de troupeaux idem  de moutons mais au bas d’une barrière rocheuse que ça ne m’étonnerait pas qu’il ait raté la première marche le dit troupeau.

Bref y a un truc. L’explication vient vite. Les bergers manifestent « ne touche pas à mon mouton ». Plutôt petits, belles bacchantes, la galette avachis sur le crane telle la crêpe vautrée en dehors de la poêle réceptrice,  ils brandissent des pancartes expliquant leur action et comptent sur les médias internationaux qui suivent le tour de France pour azimuter every where in the world leur message de ras le bol : les loups pour les bobos, les moutons pour bibi.

Un berger chef drive le tout. C’est le chef je l’ai reconnu c’est simple il a une belle écharpe blanche (c’est con vu la chaleur…) vous savez l’écharpe de Mitterrand, de Messier, de Bové enfin bref l’écharpe qui flashe dans la grisaille que ça attire les regards de la foultitude désespérée à la recherche de son « Yahvé pourquoi tu m’as laissé tomber mais un jour je vivrai mes chansons poupée de cire poupée de son »

    Le chef explique doctement à voix feutrée, on n'est jamais assez prudent, les oreilles ennemies vous écoutent  : « on forme un entonnoir, on ralenti les cyclistes on ne les bloque pas » (tu ne vois pas que les manifestants se prennent un coup de tatane d’une godasse cycliste qui vient de malencontreusement écrabouiller par inadvertance une seringue au haut pouvoir de dopage, c’est le congé maladie assuré, un truc à vous faire regretter une paisible meute de loups le soir au fond des bois).

Bref l’arrangeur de manifestants, qui en fait n’a rien d’un berger mais tout du faux cul manipulateur, une fois  le dispositif en place se tire en catimini vers la berline allemande haut de gamme de tous ceux qui ont des idées à faire exprimer par les autres.

Y en a un qui est bien emmerdé c’est le gradé de la gendarmerie responsable du passage du tour de France dans ce p… de bled. Il bigophone à ses supérieurs. On le console en lui apprenant que le départ de la ville d’étape voisine n’a pas été différé mais que la caravane a pour consigne de rouler au ralenti. Quinze kilomètres pour régler le problème ce n’est pas des masses. Le peloton arrive debout sur les freins comme une machine haut le pied, la vapeur fusant par tous les trous de seringues, les poches de sang oxygéné pendues aux guidons prennent des couleurs vampiriques, même que les boudins martyrisés par les jantes en surplace laissent échapper les réserves planquées de testostérone et de stéroïdes.

Nous dans le village on ne se plaint pas de l’interlude. Il a un effet positif en contrôlant le débit de la caravane. Comme quoi les mots contrôle et positif ne sont pas forcément réducteurs !

Les bagnoles publicitaires se succèdent gaies gaies gaies en couleurs et en plus con tu meurs. Je vous ferai grâce de cochonou-cofidis-wurth-francaise des jeux- bouygues telecom- crédit lyonnais –ag2r (dont un très très con)-veloxygéne-aquarel nestlé et puis non je ne vous en ferai pas grâce car ça permet...ça permet quoi... une pause pipi ! Pub !

Ce n’est pas le message publicitaire qui est le plus attrayant en fait. Mais le curieux équipage qui l’accompagne. Les pom pom girls first. Attachées au véhicule par un cordon qui ne dépareillerait pas des embrasses de rideaux bonne femme elles se dandinent mollement apparemment éreintées en cette fin de tour de France. Elles balancent par-dessus bord les babioles de pub. A chaque giclée une moukère accroupie à mes cotés sur le trottoir éventaille rapidos les jambes pour recevoir la semence tant désirée dans sa large jupe tati. Je bloque de temps à autres une bricole et je lui ristourne aussi sec pour sa plus grande joie, un éclatant sourire doré à l’or massif me remerciant de sous le bob Skoda fraichement réceptionné.

Les pom pom girls sont les seules humaines à l’air libre. Le reste est embastillé derrière les vitres teintées et fermées clim oblige. Les chauffeurs souvent très jeunes, l’oreillette incrustée, le crane rasé, conduisent avec l’air supérieur du subalterne qui fraie avec les grands et se croit de la partie. Je les imagine le soir à l’étape. Tout auréolé de la gloire d’appartenir à la caravane de la grande boucle ils plastronnent devant les groupies provinciales en mal de sensations autres que pavillonnaires ou barre d’hélémesques. Le lendemain les cadors du volant échangeront avec forces détails leurs prétendues prouesses nocturnes.

Certaines voitures transportent du beau monde. Sur la banquette arrière de l'une d'entre elles deux gendarmes, avec pleins de barrettes sur les épaules comme quoi c'est du lourd, dodelinent de la tête avec les soubresauts de la route. Se tenant chacun à une poignée au dessus de leur portière les mains libres restantes appuyées sur la banquette semblent être enlacées. C'est mignon tout plein, dans les cheveux qu'elles devraient être les barrettes.

Une berline aux couleurs d'une banque transporte un triste pingouin tout de costard gris vêtu. Pas frais le cadre dynamique. Y a kékechose qui a foiré à l'étape la veille.

Abus de moules frites? Abus de moule tout court avec une dame de petite vertu? Bref   le futur génie de la finance a les chocottes. Comment expliquer à la bourgeoise qui l'attend pour les vacances avec les enfants à Deauville chez les beaux parents qu'il s'est bloqué une chaude pisse dans la caravane du tour de France. T'inquiète pas mec ça se déclare en 3,6 ou 9 jours  comme les échelonnement de tes crédits à la con. Tu prétextera un taux actuariel brut déficient et le médecin de famille bonne pomme te soignera ça en rigolant.

Tout ça pour dire que la caravane du Tour de France c'est pas très convivial. Les deux France qui s'affrontent : celle du modernisme, du fric, de l'action pourfend à grands coups de klaxons une foule grisaille, obèse, malingre, c'est selon, à qui on jette en pitance des merdes publicitaires.

Mais les cyclistes dans tout ça?

Ça se précise. Une douzaine de motards de la gendarmerie arrivent à la file indienne.

Ils freinent leurs gros cubes pile devant moi . Béquillent dans un bel ensemble. Je kiffe pour faire moderne. En fait je suis un peu jaloux. C'est bath tout de même d'être payé pour faire de la moto. Et puis ils ont un équipement de rêve. Par cette journée de grosse chaleur juste une chemise bleue.

Les avants bras puissants et bronzés ils partent à l'assaut des plus beaux cols alpins de la région. Ouah ! Le chef est superbe avec son insigne parachutiste sur la poitrine. Les bottes sont méchamment astiquées. Belle tête d'aryen que la BMW met encore plus en valeur. Le chef incendie du regard un de ses subordonnés qui esquissait un pas vers le bistrot le plus proche. Il jauge les bergers maigrichons qui ont l'indécence de l'arrêter dans sa walkyrie cycliste. Se retournant vers ses ouailles il se remémore le dernier incident à l'identique. C'était des manifestants d'EDF. Un des belligérants avait eu le malheur de l'attirer par son sifflet pendu à son cou pour mieux lui haleiniser son message. « Je te dis pas le coup de boule que je lui ai filé ». Bref la messe est dite, la route se dégageant les grosses béhémes rugissent et fouette cocher.

Mais les choses s'accélère. Les motards de presse arrivent. Gros brouhaha. A deux par motos on sent les pros. C'est le bordel tout de suite. Ça s'invective. Ça rigole. Ça scribouille, parlouille, telephonouille, filmouille : la planéte va être au courant que les loups font chier!

Mais les pauvres bergers sont bien isolés dans la foule grossissante et les pancartes ne sont plus guère plus visibles. Le barrage a craqué. Le peloton est la. C'est petit un coureur cycliste, avec ses mollets rasés, ses tenues moulantes aux couleurs criardes. Seul bizarrement Lance Armstrong dénote. Sa haute stature, sa gueule volontaire, il fait extra terrestre dans la valetaille ambiante. Curieux. Ils mettent tous pied à terre et passent lentement devant nous comme dans un ralenti qui nous serait exclusif. Merci le loup. Suivent les voitures des commissaires, des directeurs sportifs, quelques dernières camionnettes de pub et la voiture balai. Et le tour qui en a plus d'un dans son sac reparti de plus belle vers les montagnes. Sous l'œil intéressés des loups j'en suis sur. A FR3 local une seule image de la manif, à la télé nationale que dalle. Sale temps pour les bergers.

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7 janvier 2008

moi aussi je suis allé à Pétra

moi aussi je suis allé à Pétra en Jordnie mais sans clara et nicolas

Nantes, un vendredi après midi.

Sur le chemin de la fac Maxence me largue à la gare après avoir déposé Jordan au lycée.

Papa lui il se tire en Jordanie carrément !

Via Paris d'abord.

Je m'affale dans le T.G.V. un peu déboussolé.

Mon sac à dos en une heure je l'ai bouclé.

Un premier remplissage  ou j'entasse pêle-mêle tout-ce-qui-parait-indispensable pour une semaine de trekking.

Je vide le sac et ré enfourne la moitié du tas de tout-ce-qui-parait-indispensable pour une semaine de trekking.

Je vire les sept piliers de la sagesse de Lawrence d'Arabie. Trop volumineux!

Et vogue la galère. Au retour je m'apercevrai comme d'habitude que la moitié de la moitié du sac aurait été encore largement suffisante.

Sur les trottoirs de Paris dernier entraînement du trekkeur fou.

Montparnasse - les Champs-élysées à pied et retour en attendant Nicolas, au boulot lui, avec mes belles pompes pour le désert.

M'en fous du look demain je suis en Jordanie par la grâce de mon grand âge et de mes généreux mécènes.

L'air est frais, l'aventure est au coin de la rue.

Comme un bon pilier de bistrot je m'offre une dernière Leffe.

Les six piliers restants seront ils du même tonneau?

Nicolas est là.

Que la fête commence!

Rue Meslay vous connaissez?

Un havre de paix une fois la lourde porte poussée, la grille du patio déverrouillée, grimpé l'escalier façon grand-mère.

Le silence est juste perturbé par le plop du bouchon de champagne.

La bouteille est vide, au Clown Bar on y va dare-dare. Charcuteries, cochonnailles,tout est bon.

Demain pays musulman je commence donc l'entraînement ...

Samedi l'aventure débute:

Métro à Strasbourg st Denis direction Gare du Nord.

En bon plouc provincial je paie mon ticket pour CDG alors que les tourniquets encore fumant gisent béatement ouverts à tous contrevenants..

De contrôleur, de loubard, néant.

Juste un gratteur de guitare qui nous bassine bien longuement dans ce tag ambulant.

L'aérogare : je suis dans les temps. Files d'attente par ci par là je flâne un peu.

J'admire la puissante montée en éructation d'un fonctionnaire de police immergé dans son bocal en verre pour le contrôle des passeports de voyageurs quittant la France.

Face à lui une belle palette de faciès colorés le harcèle pour qu'il prenne fissa ce merveilleux sésame.

Le ton monte. L' enfermé tape du poing dans le vitrage pour faire reculer la foule jusqu'à la limite de courtoisie peinte sur le sol.

Va donc repousser une foule en délire qui ne songe qu'à déferler dans les boutiques hors taxes alentours.

Le policier, petit brun nerveux costaud déplumé, sort furax de son bocal : il hurle, tape de la rangers dans le portillon en ferraille.

Ses collègues piquent du nez benoîtement dans la dernière consigne B2-4AC modèle 2007 émanant du tout récent Ministère de l'Expulsion et de la Chasse aux Mauvaises Odeurs.

Le sanguin fait une fixation sur une femme drapée dans un sari et flanquée d'une foultitude de paquets cadeaux.

Il l'extrait du groupe, la somme de le suivre chez le chef.

En passant devant le comptoir d'Air India une hôtesse lui demande poliment si cette passagère potentielle sera relâchée dans les temps pour être embarquée

Le policier ronchonne que ce n'est plus son problème : la chefferie décidera!

"Ca va manger " éructe-t- il

Un peu déconcerté par cette sémantique de zone sous douane je me dis qu'il  serait de bon goût que je recolle au peloton de la Royal Jordanian Air Line, j'ai un trekking sur le feu moi !

Le grand silence assourdissant d'avant les catastrophes étouffe instantanément en moi les flammes naissantes de l'aventure.

SURBOOKING en anglais, je me suis fait baiser ma place en bon français!!!!!!!!!!!!!!

Le chef d'escale est courtois, blasé et rodé. Il a déjà le formulaire et le stylo à la main. Direction l'hôtel et demain vous avez un avion kif kif qui vous mènera à bon port etc.  y a pas de problème comme ils disent dans les pays où il n'y a pas de solution. Et en plus on te file un petit bakchich pour ne pas cafter partout que ça surbook chez Royal Couscous.

Un peu penaud, et même carrément embêté pour les gentils organisateurs qui vont m'attendre vainement à Aman, je me coltine mon petit baluchon jusqu'au gourbis réquisitionné par la compagnie aérienne. A titre anecdotique et dans un but purement pédagogique je signale le prix de la chambre : c'est simple si Ségolène est élue, et bien son SMIC réévalué permettra d'y tenir deux jours, enfin deux nuits sans extra, et pas un rond en rab pour le pourboire...

Au fait je suis à l'Hilton Roissy.

Quelques coups de téléphone à la base arrière de Nantes et à la base avancée de Jordanie, tout rentre dans l'ordre.

On est sympa chez Allibert pour les clients vieillissants...

Allez piscine, sauna, dîner : prenons des forces. Les vacances ne font que commencer.

Si je vous dis que j'étais le premier à l'enregistrement le lendemain, vous me croyez?

La nuit tombe sans se faire mal à Aman lorsque nous atterrissons. Accueil courtois et efficace sous les multiples photos d'un roi à la tronche mollassonne. Je ne lui confierai pas un pays mais là n'est pas le but de mon voyage Je suis rapidement dehors. J'embrasserai bien le premier palmier venu dans la douce torpeur du soir tant je madeleine de Proust de fantastiques souvenirs de désert  mais ayons un peu de retenue : je représente la France!

Et puis on m'attends : un chauffeur spécialement affrété pour bibi par Allibert (on est sympa... bis) m'emmène illico rejoindre le peloton que je n'aurai jamais du quitter.

Trois heures de bonheur à percer la nuit, au milieu des camions du désert en suivant les panneaux indicateurs : Arabie saoudite, Yémen.

On s'arrête pour grignoter, je sors mon argent pour régler, ayant fixé le prix avec la marchand. Le chauffeur veut payer :  je suis l'invité ! Le prix est donc à revoir, les palabres s'engagent, ne voulant pas m'ingérer dans les histoires intérieures jordaniennes , regardez les méfaits de la colonisation, je me retire pudiquement sous ma tente, pardon dans le Toyota. La décoration y est superbe, rétroviseur avec main de Fatma incorporée, fanfreluches autour des ouïes de climatisation etc.

Mais tout a  une fin, un peu avant minuit, je rejoins la Scuderia Allibert à l' hôtel dans un bled à une portée javelot du site de Petra, objet de notre unique ressentiment demain matin et de bonne heure.

Je suis content de retrouver Birgit et Gérard, c'est pas du Docteur Livingstone je présume m'enfin ça y ressemble.

Ils me conduisent à ma chambre où mon coloc, la quarantaine sportive, m'accueille gentiment avec une liqueur du Nord, il travaille à Lille, il est ch'timi, ingénieur ch'timiste, pardon chimiste, même qu'il est dans le caoutchouc, les joints de porte pour le T.G.V. et bien  c'est lui, ça c'est de l'extrudé, avant il faisait dans le thermo moulé, vous savez les barquettes alimentaires .

Ron, Ron

allez je suis quand même content d'être de retour au bercail ...

c'est l'aube ou presque

la joyeuse bande allibert babille à la table du petit déjeuner

les présentations sont faites

Toulouse, paris, Strasbourg, nanties (un couple + bibi)  et Grenoble bien représenté par quatre couples,

n'oublions pas que allibert est d'obédience alpine, d'où la qualité des trekking

(rime pauvre certes mais pub tout de même...)

kiné, magistrat, docteur,banquier, architecte, orthophoniste, ingénieur, prof, étudiante, dentiste, pianiste,

le tout en bonne santé

c'est la France qui gagne  comme sur les affiches de la campagne électorale.

et puis il y a Jhonny.

Jhonny est d'emblée sympa, la vingtcinqaine,

libanais chrétien d'origine montagnarde

il a le sourire permanent il est volubile et intéressant

il vient de finir des études d'archéologie à Beyrouth

à l'université Saint Joseph

mon sang ne fait qu'un tour " j'y étais " si si ! en 1981!

j'avais installé un beau labo de génie civil du temps de ma splendeur VRP international

même que la directeur s'appelait ???

non ce n'est pas Alzheimer répondis je machinalement à quelqu'un qui voulait m'aider

ce n'est pas grave de toute façon Jhonny allait naître deux ans plus tard

pour les souvenirs communs c'est râpé.

Donc Jhonny  traîne ses guêtres en Syrie en Jordanie en tant qu'aide accompagnateur

et pourquoi pas au Liban finaudons nous

en bonnes putes occidentales toujours prêtes à se gausser du bordel chez les autres 

Jhonny reste évasif " les touristes vont revenir " mais il a du mal à vendre son rêve.

aujourd'hui ""on fait Pétra "

"Sculptée dans la roche, secrètement cachée à l'abri des montagnes,

dans un dédale de failles granitiques,

Petra a longtemps tu son existence.

La cité caravanière nabatéenne se laisse désormais admirer,

pas à pas, à la lumière vaporeuse du soleil de Jordanie."

"extrait de "

Sur le web :

Unesco : portal.unesco.org

Office de tourisme de Jordanie : www.mota.gov.jo

pratique le copié collé sur Internet dès qu'il faut faire sérieux mais passons aux choses moins académiques (et pourtant!)

la journée s'achève, le groupe est un peu disloqué, fatigué, ébloui par ce travail titanesque de sculpture sur pierre,

bon d'accord c'est du matériau bien friable, à la petite cuillère ça se bricole, c'est pas comme par chez nous,

le granit rose de perros c'est pour les costauds, cocorico!

Gérard et quelques courageux sont partis faire un itinéraire "galère" pour mieux s'imprégner de Pétra qui il faut le reconnaître

a ses artères principales un peu trop congestionnées par les touristes.

Le peloton restant, accompagné de Jhonny, se prélasse sur la roche chaude.

Jhonny prête l'oreille en direction de quelques jeunes filles qui chantonnent

" mais c'est la chanson de Chada Hassoun, la gagnante de  la Star Academy arabe s'enflamme t il "

il faut savoir que c'était la semaine de la finale et que pour une fois le monde arabe du Maghreb au Machreq  ne c'est pas foutu sur la gueule

on dit merci Endemol

Jhonny veut engager la discussion avec les sémillantes brunes aux reflets bleus et aux dents nacrés

n'oublions pas qu'il a  vingt cinq ans, les demoiselles presque itou, et que les plaisirs de la chair dans ces foutus pays faut se lever tôt pour en apercevoir la queue d'un.

Le groupe a conscience du problème.

Nous sollicitons notre benjamine 19 ans d'engager la discussion, ce sera naturel, mais l'étudiante toulousaine est trop timide.

On me déconseille d'y aller ça ferait  trop pédophile!

Je suggérerai bien à la vice procureur (on a ça en rayon) de faire une rafle:

une association de basanées manifestant bruyamment sur la voie publique c'est du  nanan!

Mais j'ai peur de faire un bide on ne se connaît que depuis ce matin...

Ce n'était pas la peine de se casser la nénette, les demoiselles, en se déplaçant vers un autre point de vue,

traînent suffisamment les pieds devant notre groupe pour que l'osmose se fasse.

Jhonny est à la fête.

Des brides de conversation en arabo-anglo-français nous comprenons que ces dames de Aman sont pour la journée en tourisme scolaire.

Et patati patata, rien de bien transcendant. Mais tout le monde il a l'air heureux.

Patiemment nous assistons en bons blancs à ces mamours arabo-arabe mais il se fait tard : le blanc est fatigué, sale, affamé, grognon même.

On doit arracher Jhonny à ses agapes.

Salauds de blancs!

chic chic chic

la journée culturelle est finie

retour à l 'hôtel à wadi moussa

comme des collégiens nous nous égayons

qui vers la douche

qui vers les  cartes postales à écrire impérativement pour-ceux-restés-en-france

qui vers le bar mais la pour le bar ce n'est pas vrai on est des trekkeurs pas des trinqueurs nuances

j'aime bien le bled de wadi moussa

sa situation en flanc de coteau rocailleux fait que l'on profite au maximum du soleil couchant splendide,

à 1000 mètres d'altitude en ce beau mois d'avril, l'air du soir est limpide et vivifiant.

je sors de l' hôtel

modernité oblige , juste en face : le cybercafé

Je ne m'attarde pas le clavier Qwerty mélangeant lettres arabes et romaines ,

jusque' à quatre fonctions par touche est vite gonflant.

Quant à Internet c'est du style" la vitesse vous manque ?" mais que fait on la bas du côté du clown bar,

y a un marché à prendre !

je m'extasie sur la sobriété des boutiques de fringues, de

chaussures et de bouffe : le mono produit c'est pratique pour

ceux que les emplettes soporifisent,

j'en connais un à la maison qui serait heureux et deux autres qui seraient désappointés...

mais direction le hammâm, le patron de l' hôtel nous a eu une p... de réduction sur le prix de l'entrée

je suis prêt à parier que c'est un cousin qui tient boutique !

presque toute la ribambelle Allibert est au hammâm ce soir

curieusement le lieu est mixte, avec maillot de bain certes, mais

mixte!

Pas de jordanienne bien sur comme dans tous ces pays où l'on est pour la liberté de la femme à condition que ce soit celle des autres.

De toute façon sans mes lunettes et avec la vapeur ambiante je ne reconnais pas grand monde.

En grands enfants on s'éclabousse de seau d'eau froide, on papote couché sur le

dos à même le carrelage blanc les pieds au mur, côtelettes contre bourrelets ou vice versa ,

en attendant le massage au gant de crin, l'onction au savon et la trituration par des mains vigoureuses !!!!!!!!!!!

Elle est pas belle la vie !

Nous nous retrouvons au salon du hammam, vautrés sur les coussins le verre de thé à la main.

refrain

Elle est pas belle .... bis

Le patron du lieu, somptueusement vêtu d'un complet tergal couleur tabac d'orient aux reflets huileux fait du public relation.

D'un regard, d'un seul, il fustige le serveur de thé vers le client en manque.

Il exhibe via la fonction photo de son téléphone portable toute sa progéniture, sa maison, sa bagnole, son chien  ah

non pardon , c'était la dernière brochettes party chez des bédouins, bref il vante tout ceci dans un anglais laborieux

à des clients transcendés par l'exotisme du lieu.

On apprend entre autre qu'il a été dix sept dans la police de la royale air force jordanienne.

Le mystère s'épaissit, nous sommes en plein Tintin au pays de l'or noir.

On cause on cause et le temps passe.

Retour badin à l'hôtel où notre arrivée tardive entraîna la suppression de l'apéritif, à table directement et dodo parce que demain désert !

Wadi Rum, nous voilà.

Après quatre jours de tribulations diverses allant de l'avion à l'hôtel, du minibus en passant par le hammam, la ruine antique

et la boutique de souvenirs nous sommes brutalement largués seuls face à notre destin.

Un petit coup d'Internet pour recadrer le débat.

Le désert de Wadi Rum impressionne surtout par la verticalité de ses roches.

Ses djebels de grès variant du noir au jaune clair, avec une prédominance de rouge,

se dressent à pic ajoutant au sublime des lieux.

Ces roches, comme plantées dans les dunes, ont jailli il y a environ 30 millions d'années et,

depuis, ont subi le poids du temps et de l'érosion.

C'est la plus ancienne strate géologique connue de l'écorce terrestre.

Aujourd'hui, après des millénaires d'accidents tectoniques et de vent,

elles sont creusées, polies et stratifiées et s'élèvent jusqu'à 1854 mètres d'altitude.

Vu le topo ?

Faut pas s'attendre à trouver un PMU ou une pharmacie à chaque détour de dune!

Mais le programme à venir est riche, il est grand temps de décarrer.

Les bagages vont dans le quatre quatre avec sa petite remorque

chargée des matelas, des gamelles, et le stock de nourriture pour trekkeurs-affamés à l'étape.

Ce sera toujours copieux, trop peut être, je ne reviendrais pas les joues creuses, la silhouette famélique, le visage émacié, les yeux délavés de soleil,

comme je l' espérais secrètement...  Au Darfour, la prochaine  fois,peut être?

Le look aventurier devient dur à acquérir.

La voiture s'en va par son chemin malaisé, nous on file droit dans le désert ! Rendez vous ce soir.

Nous entonnons un Halli Hallo galvanisant en nous groupant en serre fil derrière notre nouveau guide

Jhonny perd de son aura, Khaled prend les rênes.

Halli Hallo

Mince et de taille moyenne, drapé dans une sorte de chemise de nuit moulante couleur marron brun,

chaussée de tongs en cuir pourri, il déjantera une fois en cours de route, Khaled marche à petites foulées rapide sur le sable,    

dont il semble ne pas surprendre la stabilité précaire de son grain tant celui ci  ne se casse pas la gueule sous son pas !

Allô Ali?

Notre guide connaîtrait il aussi ce chant altier ?

Plus prosaïquement son téléphone portable à l'oreille il discute avec un pote.

Le peloton allibert a atteint son régime de croisière, guide en tête nous nous essaimons derrière, en solo en duo en troupo au choix!

Partisan de la solitude je suis de temps à autres ré-grégairisé au hasard d'un embouteillage :

oh le beau lézard, oh la belle campanule alors au redémarrage je me trouve parfois flanqué d'un interlocuteur

qui une fois les platitudes relatives au désert épuisés (faut reconnaître que c'est con un désert y a pas grand chose à dire,

la preuve les nomades se sédentarisent, les sédentaires ne se nomadisent pas sauf l'été aux vacances scolaires en camping car

mais la j'arrête on touche à l'enseignement et je ne voudrai offenser personne)

donc disais je pour ceux qui se paument à la faveur d'une parenthèse

on en revient à parler de ce que l'on aime c'est à dire notre boulot.

Il se trouve que mon voisin présentement est un banquier, alors il me raconte des histoires de banques, normal,

je l'écoute mollement repris par la fascination du lieu, lorsque, Allah m'est témoin, il prononça, juré, craché, ces terribles mots en pleine splendeur Wadi Rumesque :

"ce qui m' intéresse c'est le client investisseur, celui qui est informatisable", je scrute dans le lointain un tireur d'élite potentiel qui flinguerait sur place l'intrus,

une balle une seule au milieu du front, même sans musique d'Ennio Morricone, et que la tâche de sang de cet impur s'étiole dans ce sable mirifique.

Hamas ! Fatah ! Hezbollah ! Tsahal! Fou de dieu! que nenni jamais la quand on a besoin d'eux ces branleurs.

C'est moi qui suis touché en plein vol, je vire sur l'aile, perd de l'altitude, et me raccroche in extremis à un gentil groupe de grenoblois qui devisent gaiement.

Je cherche du réconfort, merde la beauté du lieu suggère autre chose que de penser à plumer un client, b... de Dieu.

Hélas trois fois mes grenoblois échangent des plans d'enfer pour éviter les embouteillages du pont de la Bastille à huit plombes du mat !

Nous cheminons donc peinard dans la quiétude du lieu qui racontant ses histoires de banque qui recensant les embouteillages grenoblois

lorsque dans le lointain apparut une caravane de voitures, première vision de poussière avant de ressentir le grondement des moteurs

musique envoûtante entre toute dans la majesté du désert (excusez moi je ne me referai pas !)

des six cylindres pour quelques unes d'entre elles, simple quatre quatre blanc tôlée

des huit cylindres surpuissants pour deux en particuliers, de beaux monstres qui hantent d'habitude nos quartiers branchés européens.

Ici les bêtes s'expriment pleinement, viens mon pitbull viens oh le gros tas de sable!  monte la dessus!

Ces deux voitures sombres aux vitres fumées paraissent être les yeux du convoi,

deux yeux étranges qui furètent autour d'un beau rocher, d'une belle dune,

alors que le reste de la chenille  piétine alentour le temps de cette inspection.

Non le coin n'est pas idéal pour sortir le pique nique et la glacière , c'est reparti !

et le convoi de véhicules renquille queue leu leu la piste dans une puissante montée en régime des moteurs qui hurlent tout ce qu'ils peuvent.

C'est beau ,je vibre, pour trente litres aux cents t'as du Wagner !

" Judes " résume sobrement le guide.

En effet, Israël, à une portée de quatre quatre approvisionne largement Wadi Rum en touristes.

Ils ne seront pas tous confinés dans des bagnoles climatisées.

On croisera lors de l'ascension du Burdah des piétons israéliens.

Flanqués d'un policier jordanien  pour parer éventuellement à toute agression disgracieuse de cette clientèle touristique à haut risque.

Tout seulabre le policier, largement surarmé d'un pistolet à la ceinture, et surtout vêtu d'un pull en laine et d'un pantalon itou

alors que la température ambiante est estivale comme on dit dans tout bon bulletin météo.

(la note de service relative à la tenue d'été n'est pas encore entrée en vigueur dans les forces royales)

Le policier à notre rencontre demande mollement qu'elle est notre nationalité et s'abstient encore plus mollement de vérifier un quelconque passeport.

Mais on cause on cause et le bivouac est la,

j'aurai du m'en douter ça fait un moment que le guide nous a demandé de ramasser du bois pour le soir à la veillée.

Youkaidi Youkaida

Les longues journées s'enchaînent ,nous menant de beaux panoramas en bivouacs festifs,

d'aubes claires jusqu'à la fin du jour,on aime la marche tu sais!

l'arrivée au bivouac est toujours satisfaisante,

c'est le terminus d'une journée riche en émotions archaïques:

du sable, du ciel, de la roche, que de la pureté virginale,

de l'originel, du basique, du spirituel même, n'oublions pas que nous croisons à quelques encablures

de lieux mythiques, j'ai même retenu le nom du Mont Aron, toute ma miche de pain de mon enfance,

vous savez le bouquin où tout le monde il est beau tout le monde il est gentil, jésus, moïse et consorts

et bien ils sont tous du coin, ça m'en foutu un coup de savoir que j'étais à l'épicentre du bonheur sur terre,

enfin c'était il y a deux mille ans, depuis le poids des mots, le choc des photos à chamboulé le paysage,

pas vendeur la paix , faut du sang , des larmes coco.

Notre équipe logistique est la, dans l'attente des explorateurs.

Je ne peux pas m'empêcher de penser à Lawrence d'Arabie.

" La perfection physique des arabes leur permettait de s'étendre, décontractés, sur le sol rocheux, comme des lézards, se moulant à ses aspérités dans un abandon de cadavre "

1917 T.E. LAWRENCE Les 7 sept piliers de la sagesse

J'ai d'autant plus de mérite à me remémorer cette observation d'un racisme affligeant que je ne lirai le bouquin qu'à mon retour de voyage.

Bref ne soyons pas vache, ils peuvent se reposer ces braves gens, les matelas ont été déchargés du  quatre quatre , le goûter servi,

à table ! si je puis dire en parlant de la natte où s'accumulent pâtisseries et boissons.

Nous passons une bonne heure conviviale les durillons à l'air, d'ou l'expression les vacances c'est le pied.

La discussion est sympa, la fatigue aidant les grands parleurs sont calmes, les petits parleurs s'extériorisent,

les plus hardis engagent la conversation avec les bédouins de passage, ça ne manque pas merci la lumière les attire, dans un mauvais anglais,

un moment de plénitude que les fracas de la campagne électorale française ne perturbent pas.

Mais un rapide sondage nous indique que tout le monde il est d'accord pour dîner !

On fini donc rapidement le goûter, on s'égaye dans la nature pour trouver un coin peinard pour poser son petit matelas,

ses petites affaires, son petit chez soi quoi!

J'adore cet instant ou j'étends mon duvet en tapis pour vider mon sac (je ne m'engueule jamais, je suis très conciliant avec moi même)

et inventorier mes richesses. C'est une manie d'une époque où la chaîne de moto graisseuse côtoyait le tee shirt blanc...

Je voulais savoir si j'avais encore un jeu de vis platinée au cas où! Quant au Delco bon ben faudrait mieux pas qu'il tombe en rade.

Cette année c'est plus calme.

J'ai le bouquin de Frédéric Mitterrand " la mauvaise vie" et le je le lis tout en jetant un oeil de temps à autres au coucher de soleil,

à ces dames qui courent comme des folles sur la dune contractuelle à proximité du campement,

ou à Gérard et quelques fanatiques qui escaladent les rochers alentours.

Le cuistot s'active en cuisine, que demande le peuple!

D'être à table...

Ce soir la dépouille d'une chèvre noir nous attends à la porte de la salle à manger!

On dirait un vieux ballon de foot crevé cette peau en vrac au milieu de quelques boyaux.

La tête de la biquette surmonte une pyramide de burghul fin qui comme chacun le sait dès que l'on voyage un peu est du blé concassé.

Nous prenons des photos avec des fines plaisanteries du type je mets la position Anti Yeux Rouges.

Cela s'avéra bon !

Et puis on est sûr de la fraîcheur du produit..

Les soirées sont assez vite expédiées, chants "monte monte flamme légère feu de camp si doux"

sur musique de fond locale crincrintée par un beau bédouin aux yeux de braises ,

une dernière contemplation du cosmos et retour au plumard.

Chut les bronzés dorment...

On a marché trop vite on a presque fini le désert !

Le soleil ne s’est pas encore pointé, la nuit se fait la malle, je me réveille dès potron-minet dans un paysage lunaire, ombre, lumière et cailloux.  Le campement est immobile.

Par ci par là des duvets des tentes la silhouette du 4X4 et de sa mignonne petite remorque.

Je brasse des deux mains mon matelas de sable orange,vautré en croix

sur le dos, encore au chaud dans mon sac de couchage j’anachronisme sec,

vais je me lever pour faire craquer un gros mono rageur qui

déchirera vulgairement le silence du lieu avec son pot

d’échappement pas catalytique du tout

et décarrer en creusant une profonde ornière avec un

pneu super cramponné plus anti-écolo tu meurs,

ou plus constructivement suis je sur le point de m’élancer avec

l’équipe topo sur les sommets environnants pour trianguler

quelques point géodésiques

avant que le soleil ne vaporise  l’horizon et empêche toute

visée optique conforme aux règles de l’art.

Non je me lève un peu tristounet pour ma dernière journée de désert en Jordanie.

Je m’éloigne dans la pénombre attiré naturellement par le rayon de soleil qui commence à tagger la paroi de la montagne en face du campement.

Celui ci devient minuscule et fini par disparaître

derrière un rocher.

Je frémis aux retrouvailles de la solitude.

Je me rappelle d’une traversée de désert dans le sud

algérien entre deux oasis.

Seul avec ma moto et tout plein d’essence je me suis lancé

droit devant en suivant au pif les vagues traces laissées par mes

prédécesseurs sur ce chemin montant, sablonneux, malaisé et dépourvu de la fontaine salvatrice...

Grisé par l’aventure, je suis comme un morpion au faîte de la convexité d’un verre de ray ban posé à plat, on perçoit la rotondité de la terre, j’ai du manquer un repère et filer tout droit là où il aurait fallu virer.

Instantanément tous les sens sont en éveil, surtout ne pas

faire de conneries, pas de demi tour bestial sur sa présumée trace,

de toute façon elle est invisible sur ce type sol, et c’est

le meilleur moyen de se vautrer,d’éclater un pneu j’en passe et des plus stressantes.

Je me suis arrêté pour éviter de paniquer j’ai fait

quelques pas autour de la moto, le moteur en marche,

trop peur de ne pas le redémarrer et petit à petit j’ai

apprivoisé la solitude, au sans réfléchir j’ai rebroussé chemin,

je ne voulais pas sortir trop vite la carte, de toute façon

bien inutile et encore moins la boussole bien aléatoire

sans point de départ. Eviter de dramatiser c’est juste un incident.

J’ai rembobiné sagement mon parcours fautif, retrouvé un

faisceau de pistes, hurlé de joie en retrouvant la piste

principale...

et évité de repartir tout schuss vers mon point de départ, comme je

l’ai fait bêtement une autre fois.

Pas facile de s’orienter quand le soleil est à la verticale.

Aujourd’hui en vieux renard du désert je suis de retour sans

problème au campement attiré par le fumet du petit déjeuner.

Que nous prenons vautrés sur la natte communautaire,

c’est quand même super ces feux de bois qui s’allument et

s’éteignent tout seul pour cuire des galettes de pains

délicieuses,ces jerricans d’eau toujours remplis, m’enfin pour le

folklore j’ai repris l’habitude de me laver les dents, de

me rincer la bouche et de nettoyer la brosse avec la même gorgée d’eau...

et bravo cette logistique qui charge et décharge le 4X4 et sa remorque

en un clin d’oeil.

C’est d’un reposant !

Y a qu’à marcher. Et c’est ce que nous faisons, présentement, pour quelques heures encore avant  de retrouver la civilisation.

Le désert se termine.

On devise gaiement. On batifole. Le trek s’amuse.

Fatigués mais heureux!

La tête toute pleine de la féerie du lieu , des anecdotes de nos accompagnateurs.

J’échange les dernières blagues drôles avec le kiné,

les derniers souvenirs du Liban avec Jhonny,

les dernières bédouineries avec le guide,

je marche de concert (c’est malin !) avec  ma pianiste préférée toujours très élégante sous son ombrelle balancée au rythme de sa foulée d’ancienne coureuse de demi fond.

Nous rejoignons des pick up 4X4 et en quelques minutes brinquebalantes, la tête au vent,beaux comme des princes du désert, se termine notre périple sablonneux.

Le guide nous invite pour une dernière thé party dans le salon de sa maison. Quelques tapis et coussins, pas de meubles, de beaux rideaux évoquant des scènes de lac clair sur fond de prairies verdoyantes (ben quoi y en a bien qui ont des photos de dunes chez eux en France…), une prise de courant avec un chargeur de téléphone portable,modernité oblige, pas de femmes visibles par contre( mais comment font ils pour avoir des djellabas si blanches ?).

Allez tout le monde dans le minibus, la journée est encore longue :

direction la mer rouge du coté d’Akaba.

Nous retrouvons le goudron, la circulation,les klaxons, la vie la vraie...

Quelques emplettes au souk,un dernier repas exotique, qui ne l’est pas en fait vu qu’il est consommé sur place, l’exotisme étant ce « qui est apporté de pays lointains » et nah, merci le petit robert, non non ce n’est pas un membre du trek...

Et le moment tant attendu : baignade en mer rouge !

Nous barbotons longuement, nos dames toutes de deux pièces dévêtues sous l’oeil concupiscent (j’adore ce mot) de poilus autochtones vautrés sur les chaises longues de la plage.

Alors qu’en arrière plan s’active une foultitude de philippins bricolant à la hâte un méga complexe hôtelier.

Sur la rive en face la ville israélienne d’Eilat aux immeubles dont la rectitude des arêtes   est impressionnantes... j’arrête je sens que je vais faire dans le dénigrement primaire.

Et puis clou du spectacle pour la plus grande joie des petits et des grands (nous sommes de différentes tailles dans le groupe..) une grâce locale s’immerge toute de burka, de tchador , de haïk, de gandourah vêtue...par dessus le jean et le tee shirt of course. Quand je vois la nubile je jubile. Avec masque et tuba la méduse va admirer le corail, espérons qu’elle oubliera dans l’eau  la pesanteur des coutumes.

Nous nous calons dans le minibus pour le retour à Amman.

Entre les sacs et le tabouret plastique supplémentaire dans l’allée nous sommes très couleur locale.

D’ailleurs c’est Jhonny qui se le cogne le tabouret. M’enfin y a tout de même personne sur la galerie de toit... on n’est pas si couleur locale au fond.

Nous quittons Akaba et son béton à la Merlin Plage pour retrouver le désert de cailloux, bien plat, bien désespérant. L’horizon s’assombrit, le vent fait rouler des touffes d’alfa qui s’accrochent par ci par là dans les fils barbelés épars, une vraie ambiance de dimanche soir : demain y a école!

Le ronron du car est désinhibant,le groupe s’interpelle,échange des adresses, s’offre des friandises, des boissons,joue à des jeux de société, l’ambiance est jolie colonie de vacances : les enfants sont heureux ils rentrent au bercail les mirettes pleines de fabuleux souvenirs. Ma voisine, la doctoresse,n’est pas franchement à la fête elle. Je sais, depuis le début du trekking, par radio-à-voix-basse  qu’elle a perdu quelqu’un de proche très récemment mais qu’elle  n’a pas annulé pour autant son voyage. Je pressens le pas facilement narrable lorsque elle m’annonce qu’elle redoute son retour at home, retrouver cet appartement vide,tout plein de ces vingt années de souvenirs de vie commune,et que le pas des moindres de ces souvenirs c’était il y a trois semaines la découverte de ce corps mort à quarante cinq ans d’une crise cardiaque...

pub

heureuse diversion d’une personne qui nous offre gentiment de délicieux caramel au chocolat fait maison

fin de pub

Je m’enquiers de savoir s’il y avait des signes précurseurs, était il en mauvaise santé ?

C’était « elle » lippe t elle tristement.

Mais une gynéco obstétricienne c’est la vie. Elle fait l’apologie de cette existence merveilleuse avec sa fidèle compagne infirmière. Des trente deux pays trekkés au golf strasbourgeois à un swing de la clinique elle ne veut en garder que la quintessence, on avisera plus tard pour la revente d’une des deux voitures excédentaires...

Une halte nous fait nous égayer dans un gourbi station service, épicerie, caoua shop, pipi room. C’est ce dernier qui amuse tout le monde, après avoir traversé le dépôt en arrière boutique au milieu des stocks et en évitant de réveiller un dormeur sur une couchette en bois on débarque dans une arrière cour jonchée de détritus et la petite cabane tant désirée par les dames du minibus est là dégueulasse as usual.

Au dessus du tiroir caisse trône un téléviseur qui passe en boucle des images sanglantes de cadavres déchiquetés par des bombes américaines, arabes, irakienne,palestinienne, ,ou autres, peu importe d’ailleurs, tout le monde dans la boutique s’en fout.

On fait le plein de bricoles à manger, et en voiture, la France nous attends.

L’obscurité arrive, terre et ciel sont confondus dans la grisaille, le vent est puissant et lancinant, les camions filent dans la poussière, je suis bien dans mes chaussures de montagne, mon Saint James, avec mon petit sac à dos renfermant toutes mes richesses : passeport et billet d’avion. L’aventure est plaisante au kilomètre 166 de la route Amman Mer Rouge à l’instant Thé, parce que je sais que je peux le fuir ce putain de kilomètre 166 qui est lugubre en diable, je jette un dernier regard au petit garçon qui vend des souvenirs à trois francs six sous, mille fois moins en monnaie locale, et je ne lui ai même pas fait l’aumône  d’une roupie de sansonnet, il m’a dans le collimateur j’en suis sur, la prochaine ceinture d’explosif qu’il mettra c’est pour moi, pour se venger d’avoir foulé son désert moi le gaouri,le roumi,le chrétien étranger avec une moto japonaise, casqué anglais, botté italien, en pillant son sous sol pour le transformer en putain de CO2.

Objection je ne savais pas que ça existait à l’époque !

Et je ne lui ai même pas ristourné un kopeck pour l’indemniser de ce pillage séculaire !

Et puis m… je suis sur que c’est un de ses frères qui a démoli les beaux portillons automatiques de la Gare du Nord que j’ai de mes yeux vus pas plus tard que samedi dernier. Allez on est quitte. 

Mon cinéma intérieur se termine aux portes de Amman.

Faut dire que le dossier du fauteuil devant moi dans le minibus n’est pas équipé d’un écran plasma dernier cri donc je ne pas droit à un super navet hollywoodien bien pensant qui m’aurait distrait de cette période post coloniale désobligeante, la repentance c’est épuisant!

Un hall d’exposition maxi éclairé où trône une mini Cooper S cabriolet est du meilleur effet pour se replonger dans la fébrilité de la vie moderne, allez il n’est pas si archaïque que ça ce pays ! y a des riches aussi !

Arrivée à l’hôtel, douche salutaire, un semblant de fringues propres et rassemblement au restaurant pour notre dernier repas de groupe.

L’ambiance est feutrée, le quant-à-soi est de retour,l’architecte redevient  l’architecte, le dentiste dentiste, la procureur procure de beaux yeux verts, et moi et ben je ne  suis plus vautré sur mon matelas au bord de la natte agapesque du bivouac.

Jhonny n’est plus LE Jhonny, il ne connaît pas la France, ouh, pas pour lui le gros avion demain early in the morning, pas pour lui le charme discret du retour à la civilisation après un trip d’enfer dans des contrées reculées, ouh !Jhonny est condamné à reprendre du désert.

Je rêvasse d’ un souvenir d’ermitage du père de Foucauld du coté de l’Assekrem,wilaya de Tamanrasset,RADP.

Je bavassais avec un géologue du cru. J’aime bien les géologues, c’est pas des ingénieurs, pas des littéraires, le costard ils connaissent pas, bref ils ont un vocabulaire à eux que tu oublies tout de suite et quant tu vois une belle paroi rocheuse bien lisse bien inclinée que tu te dis vingt dieux c’est beau la nature pour eux c’est une dalle structurale et la je reste dans du vocabulaire accessible.

Moi ma seule culture géologique c’est Pierre Termier et la villa éponyme.

Depuis peu le lycée à Grenoble, et encore je ne sais pas où il est…

Et ben mon géologue du cru, non seulement il le connaissait le grand homme mais en plus il m’a fourgué le titre de ses bouquins.

Moi je suis rentré en France pour continuer à contempler les bouquins de PT sur mon étagère pleine à craquer de BD.

Et mon géologue il est retourné à ses chères études.

Bref tout ça pour en revenir à Jhonny et mon désarroi face aux problèmes socioculturels de la doulce France.

Pourquoi ne pas échanger ces gugusses super instruits contre des gugusses un peu moins instruit de part chez nous, on amortirait les charters qui seraient pleins dans les deux sens.

Un écrémage franchouillardesque pourrait être réalisé de la sorte. 

A l’aller une pincée de bobos IDF, un velouté de crème côtière PACA,une grosse louche Bretonne avec quelques pépites Vendéennes,le tout saupoudré de Chti’s bordés de lardons du 9.3 qui deviennent inassimilables par tout organisme à maturité.

Au retour y aurait que du premier choix.

Et… on aurait du me prendre un aller simple pour Amman?

Merci la famille !

Mais tout ceci n’était qu’un mauvais rêve.

Le bel airbus chromé (merci aux Royal jordanian air lines de faire ses emplettes en Eurpoe) nous décharge dans les tubulures simili-intestinales de CDG AIRPORT, quelques villosités plus tard avec une dernière bise autour du tapis à bagages nous nous retrouvons libre de toute obligation de trekking sur le trottoir parisien. Vogue la galère, chacun pour soi. Moi c’est la gare Montparnasse.

J’ai plus de 6 heures d’avance pour prendre mon train. Explications : n’ayant pas l’heure d’arrivée de l’avion en terre chrétienne au moment de ma réservation SNCF ( c’était il y a trois mois !) pour avoir un bas prix j’ai misé sur le dernier dur de la journée pour être large.

Mais Nantes c’est pas le trou du cul du monde et les trains se succèdent.

Je tente ma chance auprès du contrôleur du premier en partance.

Je présente mon billet internet imprimé sur une grande page 21-29,7 finement décorée d’une pub pour un film à la con, à ce dernier baccanté façon Dali. Il ne daigne pas jeter un regard sur ce torche cul pourvoyeur de chômage aux guichets de sa chère entreprise.

Je rebelote avec le contrôleur de la deuxième rame accolée au premier (je parle des deux TGV pas des contrôleurs) qui lui m’explique gentiment que ce genre de billet n’engendre pas la mansuétude de la part des vieux cheminots.

C’est pas grave. En Forrest Gump inextinguible je pars battre le pavé parisien.

Tristounet Paris en ce dimanche de Pâques bien que le soleil soit présent. Le trottoir est chaudasse , de nombreux clodos encartonnés gisent ça et là, peuvent pas se tirer en résidence secondaire comme tout le monde ! De grands noirs baraqués en survêtement blanc et encapuchonnés pissent copieusement contre des poubelles, ambiance… Tiens un cinéma, pile l’heure du film de Piaf « la môme » j’adore sa voix j’en ressors boosté et je me dis que son pote des derniers jours avait bien du mérite et un nom prédestiné  le Théo Sarapo’rte des sous.

Je termine la soirée dans un jardin public en dégustant un sandwich hors de prix de chez Paul le boulanger à la mode. Avec le prix du cinoche je tape allégrement dans le bénéfice du prem’s.

« On ferme » le gardien vieux harki qui-ne-s’en-tire-pas-trop-mal me raccompagne à la grille. Nous devisons sentencieusement sur la décrépitude du sens du devoir, de tout ce qui fout le camp, et du prix de la Peugeot d’occasion. Je le vois regagner sa petite maison de fonction, je l’imagine allant poser prochainement son bulletin FN dans l’ urne pour conjurer les invasions  barbares dont il est le dernier des mohicans.

Le TGV file dans la nuit comme un spermatozoïde, fouetté à 300 à l’heure par un putain d’orage qui ne l’ébranle pas. Je suis dans un wagon de queue spécialement aménagé, ce n’est plus quarante hommes ou huit chevaux mais une dizaine d’usagers, pardon clients, côte à côte sur une banquette et quelques crochets pour pendre des vélos! Un dernier éclair à l’orée de Nantes, ville construite à la campagne, illumine quelques vaches stoïques.

Salut Yves

Salut la Louise

Salut Marguerite

Home sweet home…

 

Demain c’est lundi de paques.

Repos

7 janvier 2008

moi aussi je suis allé à Pétra

moi aussi je suis allé à Pétra en Jordnie mais sans clara et nicolas

Nantes, un vendredi après midi.

Sur le chemin de la fac Maxence me largue à la gare après avoir déposé Jordan au lycée.

Papa lui il se tire en Jordanie carrément !

Via Paris d'abord.

Je m'affale dans le T.G.V. un peu déboussolé.

Mon sac à dos en une heure je l'ai bouclé.

Un premier remplissage  ou j'entasse pêle-mêle tout-ce-qui-parait-indispensable pour une semaine de trekking.

Je vide le sac et ré enfourne la moitié du tas de tout-ce-qui-parait-indispensable pour une semaine de trekking.

Je vire les sept piliers de la sagesse de Lawrence d'Arabie. Trop volumineux!

Et vogue la galère. Au retour je m'apercevrai comme d'habitude que la moitié de la moitié du sac aurait été encore largement suffisante.

Sur les trottoirs de Paris dernier entraînement du trekkeur fou.

Montparnasse - les Champs-élysées à pied et retour en attendant Nicolas, au boulot lui, avec mes belles pompes pour le désert.

M'en fous du look demain je suis en Jordanie par la grâce de mon grand âge et de mes généreux mécènes.

L'air est frais, l'aventure est au coin de la rue.

Comme un bon pilier de bistrot je m'offre une dernière Leffe.

Les six piliers restants seront ils du même tonneau?

Nicolas est là.

Que la fête commence!

Rue Meslay vous connaissez?

Un havre de paix une fois la lourde porte poussée, la grille du patio déverrouillée, grimpé l'escalier façon grand-mère.

Le silence est juste perturbé par le plop du bouchon de champagne.

La bouteille est vide, au Clown Bar on y va dare-dare. Charcuteries, cochonnailles,tout est bon.

Demain pays musulman je commence donc l'entraînement ...

Samedi l'aventure débute:

Métro à Strasbourg st Denis direction Gare du Nord.

En bon plouc provincial je paie mon ticket pour CDG alors que les tourniquets encore fumant gisent béatement ouverts à tous contrevenants..

De contrôleur, de loubard, néant.

Juste un gratteur de guitare qui nous bassine bien longuement dans ce tag ambulant.

L'aérogare : je suis dans les temps. Files d'attente par ci par là je flâne un peu.

J'admire la puissante montée en éructation d'un fonctionnaire de police immergé dans son bocal en verre pour le contrôle des passeports de voyageurs quittant la France.

Face à lui une belle palette de faciès colorés le harcèle pour qu'il prenne fissa ce merveilleux sésame.

Le ton monte. L' enfermé tape du poing dans le vitrage pour faire reculer la foule jusqu'à la limite de courtoisie peinte sur le sol.

Va donc repousser une foule en délire qui ne songe qu'à déferler dans les boutiques hors taxes alentours.

Le policier, petit brun nerveux costaud déplumé, sort furax de son bocal : il hurle, tape de la rangers dans le portillon en ferraille.

Ses collègues piquent du nez benoîtement dans la dernière consigne B2-4AC modèle 2007 émanant du tout récent Ministère de l'Expulsion et de la Chasse aux Mauvaises Odeurs.

Le sanguin fait une fixation sur une femme drapée dans un sari et flanquée d'une foultitude de paquets cadeaux.

Il l'extrait du groupe, la somme de le suivre chez le chef.

En passant devant le comptoir d'Air India une hôtesse lui demande poliment si cette passagère potentielle sera relâchée dans les temps pour être embarquée

Le policier ronchonne que ce n'est plus son problème : la chefferie décidera!

"Ca va manger " éructe-t- il

Un peu déconcerté par cette sémantique de zone sous douane je me dis qu'il  serait de bon goût que je recolle au peloton de la Royal Jordanian Air Line, j'ai un trekking sur le feu moi !

Le grand silence assourdissant d'avant les catastrophes étouffe instantanément en moi les flammes naissantes de l'aventure.

SURBOOKING en anglais, je me suis fait baiser ma place en bon français!!!!!!!!!!!!!!

Le chef d'escale est courtois, blasé et rodé. Il a déjà le formulaire et le stylo à la main. Direction l'hôtel et demain vous avez un avion kif kif qui vous mènera à bon port etc.  y a pas de problème comme ils disent dans les pays où il n'y a pas de solution. Et en plus on te file un petit bakchich pour ne pas cafter partout que ça surbook chez Royal Couscous.

Un peu penaud, et même carrément embêté pour les gentils organisateurs qui vont m'attendre vainement à Aman, je me coltine mon petit baluchon jusqu'au gourbis réquisitionné par la compagnie aérienne. A titre anecdotique et dans un but purement pédagogique je signale le prix de la chambre : c'est simple si Ségolène est élue, et bien son SMIC réévalué permettra d'y tenir deux jours, enfin deux nuits sans extra, et pas un rond en rab pour le pourboire...

Au fait je suis à l'Hilton Roissy.

Quelques coups de téléphone à la base arrière de Nantes et à la base avancée de Jordanie, tout rentre dans l'ordre.

On est sympa chez Allibert pour les clients vieillissants...

Allez piscine, sauna, dîner : prenons des forces. Les vacances ne font que commencer.

Si je vous dis que j'étais le premier à l'enregistrement le lendemain, vous me croyez?

La nuit tombe sans se faire mal à Aman lorsque nous atterrissons. Accueil courtois et efficace sous les multiples photos d'un roi à la tronche mollassonne. Je ne lui confierai pas un pays mais là n'est pas le but de mon voyage Je suis rapidement dehors. J'embrasserai bien le premier palmier venu dans la douce torpeur du soir tant je madeleine de Proust de fantastiques souvenirs de désert  mais ayons un peu de retenue : je représente la France!

Et puis on m'attends : un chauffeur spécialement affrété pour bibi par Allibert (on est sympa... bis) m'emmène illico rejoindre le peloton que je n'aurai jamais du quitter.

Trois heures de bonheur à percer la nuit, au milieu des camions du désert en suivant les panneaux indicateurs : Arabie saoudite, Yémen.

On s'arrête pour grignoter, je sors mon argent pour régler, ayant fixé le prix avec la marchand. Le chauffeur veut payer :  je suis l'invité ! Le prix est donc à revoir, les palabres s'engagent, ne voulant pas m'ingérer dans les histoires intérieures jordaniennes , regardez les méfaits de la colonisation, je me retire pudiquement sous ma tente, pardon dans le Toyota. La décoration y est superbe, rétroviseur avec main de Fatma incorporée, fanfreluches autour des ouïes de climatisation etc.

Mais tout a  une fin, un peu avant minuit, je rejoins la Scuderia Allibert à l' hôtel dans un bled à une portée javelot du site de Petra, objet de notre unique ressentiment demain matin et de bonne heure.

Je suis content de retrouver Birgit et Gérard, c'est pas du Docteur Livingstone je présume m'enfin ça y ressemble.

Ils me conduisent à ma chambre où mon coloc, la quarantaine sportive, m'accueille gentiment avec une liqueur du Nord, il travaille à Lille, il est ch'timi, ingénieur ch'timiste, pardon chimiste, même qu'il est dans le caoutchouc, les joints de porte pour le T.G.V. et bien  c'est lui, ça c'est de l'extrudé, avant il faisait dans le thermo moulé, vous savez les barquettes alimentaires .

Ron, Ron

allez je suis quand même content d'être de retour au bercail ...

c'est l'aube ou presque

la joyeuse bande allibert babille à la table du petit déjeuner

les présentations sont faites

Toulouse, paris, Strasbourg, nanties (un couple + bibi)  et Grenoble bien représenté par quatre couples,

n'oublions pas que allibert est d'obédience alpine, d'où la qualité des trekking

(rime pauvre certes mais pub tout de même...)

kiné, magistrat, docteur,banquier, architecte, orthophoniste, ingénieur, prof, étudiante, dentiste, pianiste,

le tout en bonne santé

c'est la France qui gagne  comme sur les affiches de la campagne électorale.

et puis il y a Jhonny.

Jhonny est d'emblée sympa, la vingtcinqaine,

libanais chrétien d'origine montagnarde

il a le sourire permanent il est volubile et intéressant

il vient de finir des études d'archéologie à Beyrouth

à l'université Saint Joseph

mon sang ne fait qu'un tour " j'y étais " si si ! en 1981!

j'avais installé un beau labo de génie civil du temps de ma splendeur VRP international

même que la directeur s'appelait ???

non ce n'est pas Alzheimer répondis je machinalement à quelqu'un qui voulait m'aider

ce n'est pas grave de toute façon Jhonny allait naître deux ans plus tard

pour les souvenirs communs c'est râpé.

Donc Jhonny  traîne ses guêtres en Syrie en Jordanie en tant qu'aide accompagnateur

et pourquoi pas au Liban finaudons nous

en bonnes putes occidentales toujours prêtes à se gausser du bordel chez les autres 

Jhonny reste évasif " les touristes vont revenir " mais il a du mal à vendre son rêve.

aujourd'hui ""on fait Pétra "

"Sculptée dans la roche, secrètement cachée à l'abri des montagnes,

dans un dédale de failles granitiques,

Petra a longtemps tu son existence.

La cité caravanière nabatéenne se laisse désormais admirer,

pas à pas, à la lumière vaporeuse du soleil de Jordanie."

"extrait de "

Sur le web :

Unesco : portal.unesco.org

Office de tourisme de Jordanie : www.mota.gov.jo

pratique le copié collé sur Internet dès qu'il faut faire sérieux mais passons aux choses moins académiques (et pourtant!)

la journée s'achève, le groupe est un peu disloqué, fatigué, ébloui par ce travail titanesque de sculpture sur pierre,

bon d'accord c'est du matériau bien friable, à la petite cuillère ça se bricole, c'est pas comme par chez nous,

le granit rose de perros c'est pour les costauds, cocorico!

Gérard et quelques courageux sont partis faire un itinéraire "galère" pour mieux s'imprégner de Pétra qui il faut le reconnaître

a ses artères principales un peu trop congestionnées par les touristes.

Le peloton restant, accompagné de Jhonny, se prélasse sur la roche chaude.

Jhonny prête l'oreille en direction de quelques jeunes filles qui chantonnent

" mais c'est la chanson de Chada Hassoun, la gagnante de  la Star Academy arabe s'enflamme t il "

il faut savoir que c'était la semaine de la finale et que pour une fois le monde arabe du Maghreb au Machreq  ne c'est pas foutu sur la gueule

on dit merci Endemol

Jhonny veut engager la discussion avec les sémillantes brunes aux reflets bleus et aux dents nacrés

n'oublions pas qu'il a  vingt cinq ans, les demoiselles presque itou, et que les plaisirs de la chair dans ces foutus pays faut se lever tôt pour en apercevoir la queue d'un.

Le groupe a conscience du problème.

Nous sollicitons notre benjamine 19 ans d'engager la discussion, ce sera naturel, mais l'étudiante toulousaine est trop timide.

On me déconseille d'y aller ça ferait  trop pédophile!

Je suggérerai bien à la vice procureur (on a ça en rayon) de faire une rafle:

une association de basanées manifestant bruyamment sur la voie publique c'est du  nanan!

Mais j'ai peur de faire un bide on ne se connaît que depuis ce matin...

Ce n'était pas la peine de se casser la nénette, les demoiselles, en se déplaçant vers un autre point de vue,

traînent suffisamment les pieds devant notre groupe pour que l'osmose se fasse.

Jhonny est à la fête.

Des brides de conversation en arabo-anglo-français nous comprenons que ces dames de Aman sont pour la journée en tourisme scolaire.

Et patati patata, rien de bien transcendant. Mais tout le monde il a l'air heureux.

Patiemment nous assistons en bons blancs à ces mamours arabo-arabe mais il se fait tard : le blanc est fatigué, sale, affamé, grognon même.

On doit arracher Jhonny à ses agapes.

Salauds de blancs!

chic chic chic

la journée culturelle est finie

retour à l 'hôtel à wadi moussa

comme des collégiens nous nous égayons

qui vers la douche

qui vers les  cartes postales à écrire impérativement pour-ceux-restés-en-france

qui vers le bar mais la pour le bar ce n'est pas vrai on est des trekkeurs pas des trinqueurs nuances

j'aime bien le bled de wadi moussa

sa situation en flanc de coteau rocailleux fait que l'on profite au maximum du soleil couchant splendide,

à 1000 mètres d'altitude en ce beau mois d'avril, l'air du soir est limpide et vivifiant.

je sors de l' hôtel

modernité oblige , juste en face : le cybercafé

Je ne m'attarde pas le clavier Qwerty mélangeant lettres arabes et romaines ,

jusque' à quatre fonctions par touche est vite gonflant.

Quant à Internet c'est du style" la vitesse vous manque ?" mais que fait on la bas du côté du clown bar,

y a un marché à prendre !

je m'extasie sur la sobriété des boutiques de fringues, de

chaussures et de bouffe : le mono produit c'est pratique pour

ceux que les emplettes soporifisent,

j'en connais un à la maison qui serait heureux et deux autres qui seraient désappointés...

mais direction le hammâm, le patron de l' hôtel nous a eu une p... de réduction sur le prix de l'entrée

je suis prêt à parier que c'est un cousin qui tient boutique !

presque toute la ribambelle Allibert est au hammâm ce soir

curieusement le lieu est mixte, avec maillot de bain certes, mais

mixte!

Pas de jordanienne bien sur comme dans tous ces pays où l'on est pour la liberté de la femme à condition que ce soit celle des autres.

De toute façon sans mes lunettes et avec la vapeur ambiante je ne reconnais pas grand monde.

En grands enfants on s'éclabousse de seau d'eau froide, on papote couché sur le

dos à même le carrelage blanc les pieds au mur, côtelettes contre bourrelets ou vice versa ,

en attendant le massage au gant de crin, l'onction au savon et la trituration par des mains vigoureuses !!!!!!!!!!!

Elle est pas belle la vie !

Nous nous retrouvons au salon du hammam, vautrés sur les coussins le verre de thé à la main.

refrain

Elle est pas belle .... bis

Le patron du lieu, somptueusement vêtu d'un complet tergal couleur tabac d'orient aux reflets huileux fait du public relation.

D'un regard, d'un seul, il fustige le serveur de thé vers le client en manque.

Il exhibe via la fonction photo de son téléphone portable toute sa progéniture, sa maison, sa bagnole, son chien  ah

non pardon , c'était la dernière brochettes party chez des bédouins, bref il vante tout ceci dans un anglais laborieux

à des clients transcendés par l'exotisme du lieu.

On apprend entre autre qu'il a été dix sept dans la police de la royale air force jordanienne.

Le mystère s'épaissit, nous sommes en plein Tintin au pays de l'or noir.

On cause on cause et le temps passe.

Retour badin à l'hôtel où notre arrivée tardive entraîna la suppression de l'apéritif, à table directement et dodo parce que demain désert !

Wadi Rum, nous voilà.

Après quatre jours de tribulations diverses allant de l'avion à l'hôtel, du minibus en passant par le hammam, la ruine antique

et la boutique de souvenirs nous sommes brutalement largués seuls face à notre destin.

Un petit coup d'Internet pour recadrer le débat.

Le désert de Wadi Rum impressionne surtout par la verticalité de ses roches.

Ses djebels de grès variant du noir au jaune clair, avec une prédominance de rouge,

se dressent à pic ajoutant au sublime des lieux.

Ces roches, comme plantées dans les dunes, ont jailli il y a environ 30 millions d'années et,

depuis, ont subi le poids du temps et de l'érosion.

C'est la plus ancienne strate géologique connue de l'écorce terrestre.

Aujourd'hui, après des millénaires d'accidents tectoniques et de vent,

elles sont creusées, polies et stratifiées et s'élèvent jusqu'à 1854 mètres d'altitude.

Vu le topo ?

Faut pas s'attendre à trouver un PMU ou une pharmacie à chaque détour de dune!

Mais le programme à venir est riche, il est grand temps de décarrer.

Les bagages vont dans le quatre quatre avec sa petite remorque

chargée des matelas, des gamelles, et le stock de nourriture pour trekkeurs-affamés à l'étape.

Ce sera toujours copieux, trop peut être, je ne reviendrais pas les joues creuses, la silhouette famélique, le visage émacié, les yeux délavés de soleil,

comme je l' espérais secrètement...  Au Darfour, la prochaine  fois,peut être?

Le look aventurier devient dur à acquérir.

La voiture s'en va par son chemin malaisé, nous on file droit dans le désert ! Rendez vous ce soir.

Nous entonnons un Halli Hallo galvanisant en nous groupant en serre fil derrière notre nouveau guide

Jhonny perd de son aura, Khaled prend les rênes.

Halli Hallo

Mince et de taille moyenne, drapé dans une sorte de chemise de nuit moulante couleur marron brun,

chaussée de tongs en cuir pourri, il déjantera une fois en cours de route, Khaled marche à petites foulées rapide sur le sable,    

dont il semble ne pas surprendre la stabilité précaire de son grain tant celui ci  ne se casse pas la gueule sous son pas !

Allô Ali?

Notre guide connaîtrait il aussi ce chant altier ?

Plus prosaïquement son téléphone portable à l'oreille il discute avec un pote.

Le peloton allibert a atteint son régime de croisière, guide en tête nous nous essaimons derrière, en solo en duo en troupo au choix!

Partisan de la solitude je suis de temps à autres ré-grégairisé au hasard d'un embouteillage :

oh le beau lézard, oh la belle campanule alors au redémarrage je me trouve parfois flanqué d'un interlocuteur

qui une fois les platitudes relatives au désert épuisés (faut reconnaître que c'est con un désert y a pas grand chose à dire,

la preuve les nomades se sédentarisent, les sédentaires ne se nomadisent pas sauf l'été aux vacances scolaires en camping car

mais la j'arrête on touche à l'enseignement et je ne voudrai offenser personne)

donc disais je pour ceux qui se paument à la faveur d'une parenthèse

on en revient à parler de ce que l'on aime c'est à dire notre boulot.

Il se trouve que mon voisin présentement est un banquier, alors il me raconte des histoires de banques, normal,

je l'écoute mollement repris par la fascination du lieu, lorsque, Allah m'est témoin, il prononça, juré, craché, ces terribles mots en pleine splendeur Wadi Rumesque :

"ce qui m' intéresse c'est le client investisseur, celui qui est informatisable", je scrute dans le lointain un tireur d'élite potentiel qui flinguerait sur place l'intrus,

une balle une seule au milieu du front, même sans musique d'Ennio Morricone, et que la tâche de sang de cet impur s'étiole dans ce sable mirifique.

Hamas ! Fatah ! Hezbollah ! Tsahal! Fou de dieu! que nenni jamais la quand on a besoin d'eux ces branleurs.

C'est moi qui suis touché en plein vol, je vire sur l'aile, perd de l'altitude, et me raccroche in extremis à un gentil groupe de grenoblois qui devisent gaiement.

Je cherche du réconfort, merde la beauté du lieu suggère autre chose que de penser à plumer un client, b... de Dieu.

Hélas trois fois mes grenoblois échangent des plans d'enfer pour éviter les embouteillages du pont de la Bastille à huit plombes du mat !

Nous cheminons donc peinard dans la quiétude du lieu qui racontant ses histoires de banque qui recensant les embouteillages grenoblois

lorsque dans le lointain apparut une caravane de voitures, première vision de poussière avant de ressentir le grondement des moteurs

musique envoûtante entre toute dans la majesté du désert (excusez moi je ne me referai pas !)

des six cylindres pour quelques unes d'entre elles, simple quatre quatre blanc tôlée

des huit cylindres surpuissants pour deux en particuliers, de beaux monstres qui hantent d'habitude nos quartiers branchés européens.

Ici les bêtes s'expriment pleinement, viens mon pitbull viens oh le gros tas de sable!  monte la dessus!

Ces deux voitures sombres aux vitres fumées paraissent être les yeux du convoi,

deux yeux étranges qui furètent autour d'un beau rocher, d'une belle dune,

alors que le reste de la chenille  piétine alentour le temps de cette inspection.

Non le coin n'est pas idéal pour sortir le pique nique et la glacière , c'est reparti !

et le convoi de véhicules renquille queue leu leu la piste dans une puissante montée en régime des moteurs qui hurlent tout ce qu'ils peuvent.

C'est beau ,je vibre, pour trente litres aux cents t'as du Wagner !

" Judes " résume sobrement le guide.

En effet, Israël, à une portée de quatre quatre approvisionne largement Wadi Rum en touristes.

Ils ne seront pas tous confinés dans des bagnoles climatisées.

On croisera lors de l'ascension du Burdah des piétons israéliens.

Flanqués d'un policier jordanien  pour parer éventuellement à toute agression disgracieuse de cette clientèle touristique à haut risque.

Tout seulabre le policier, largement surarmé d'un pistolet à la ceinture, et surtout vêtu d'un pull en laine et d'un pantalon itou

alors que la température ambiante est estivale comme on dit dans tout bon bulletin météo.

(la note de service relative à la tenue d'été n'est pas encore entrée en vigueur dans les forces royales)

Le policier à notre rencontre demande mollement qu'elle est notre nationalité et s'abstient encore plus mollement de vérifier un quelconque passeport.

Mais on cause on cause et le bivouac est la,

j'aurai du m'en douter ça fait un moment que le guide nous a demandé de ramasser du bois pour le soir à la veillée.

Youkaidi Youkaida

Les longues journées s'enchaînent ,nous menant de beaux panoramas en bivouacs festifs,

d'aubes claires jusqu'à la fin du jour,on aime la marche tu sais!

l'arrivée au bivouac est toujours satisfaisante,

c'est le terminus d'une journée riche en émotions archaïques:

du sable, du ciel, de la roche, que de la pureté virginale,

de l'originel, du basique, du spirituel même, n'oublions pas que nous croisons à quelques encablures

de lieux mythiques, j'ai même retenu le nom du Mont Aron, toute ma miche de pain de mon enfance,

vous savez le bouquin où tout le monde il est beau tout le monde il est gentil, jésus, moïse et consorts

et bien ils sont tous du coin, ça m'en foutu un coup de savoir que j'étais à l'épicentre du bonheur sur terre,

enfin c'était il y a deux mille ans, depuis le poids des mots, le choc des photos à chamboulé le paysage,

pas vendeur la paix , faut du sang , des larmes coco.

Notre équipe logistique est la, dans l'attente des explorateurs.

Je ne peux pas m'empêcher de penser à Lawrence d'Arabie.

" La perfection physique des arabes leur permettait de s'étendre, décontractés, sur le sol rocheux, comme des lézards, se moulant à ses aspérités dans un abandon de cadavre "

1917 T.E. LAWRENCE Les 7 sept piliers de la sagesse

J'ai d'autant plus de mérite à me remémorer cette observation d'un racisme affligeant que je ne lirai le bouquin qu'à mon retour de voyage.

Bref ne soyons pas vache, ils peuvent se reposer ces braves gens, les matelas ont été déchargés du  quatre quatre , le goûter servi,

à table ! si je puis dire en parlant de la natte où s'accumulent pâtisseries et boissons.

Nous passons une bonne heure conviviale les durillons à l'air, d'ou l'expression les vacances c'est le pied.

La discussion est sympa, la fatigue aidant les grands parleurs sont calmes, les petits parleurs s'extériorisent,

les plus hardis engagent la conversation avec les bédouins de passage, ça ne manque pas merci la lumière les attire, dans un mauvais anglais,

un moment de plénitude que les fracas de la campagne électorale française ne perturbent pas.

Mais un rapide sondage nous indique que tout le monde il est d'accord pour dîner !

On fini donc rapidement le goûter, on s'égaye dans la nature pour trouver un coin peinard pour poser son petit matelas,

ses petites affaires, son petit chez soi quoi!

J'adore cet instant ou j'étends mon duvet en tapis pour vider mon sac (je ne m'engueule jamais, je suis très conciliant avec moi même)

et inventorier mes richesses. C'est une manie d'une époque où la chaîne de moto graisseuse côtoyait le tee shirt blanc...

Je voulais savoir si j'avais encore un jeu de vis platinée au cas où! Quant au Delco bon ben faudrait mieux pas qu'il tombe en rade.

Cette année c'est plus calme.

J'ai le bouquin de Frédéric Mitterrand " la mauvaise vie" et le je le lis tout en jetant un oeil de temps à autres au coucher de soleil,

à ces dames qui courent comme des folles sur la dune contractuelle à proximité du campement,

ou à Gérard et quelques fanatiques qui escaladent les rochers alentours.

Le cuistot s'active en cuisine, que demande le peuple!

D'être à table...

Ce soir la dépouille d'une chèvre noir nous attends à la porte de la salle à manger!

On dirait un vieux ballon de foot crevé cette peau en vrac au milieu de quelques boyaux.

La tête de la biquette surmonte une pyramide de burghul fin qui comme chacun le sait dès que l'on voyage un peu est du blé concassé.

Nous prenons des photos avec des fines plaisanteries du type je mets la position Anti Yeux Rouges.

Cela s'avéra bon !

Et puis on est sûr de la fraîcheur du produit..

Les soirées sont assez vite expédiées, chants "monte monte flamme légère feu de camp si doux"

sur musique de fond locale crincrintée par un beau bédouin aux yeux de braises ,

une dernière contemplation du cosmos et retour au plumard.

Chut les bronzés dorment...

On a marché trop vite on a presque fini le désert !

Le soleil ne s’est pas encore pointé, la nuit se fait la malle, je me réveille dès potron-minet dans un paysage lunaire, ombre, lumière et cailloux.  Le campement est immobile.

Par ci par là des duvets des tentes la silhouette du 4X4 et de sa mignonne petite remorque.

Je brasse des deux mains mon matelas de sable orange,vautré en croix

sur le dos, encore au chaud dans mon sac de couchage j’anachronisme sec,

vais je me lever pour faire craquer un gros mono rageur qui

déchirera vulgairement le silence du lieu avec son pot

d’échappement pas catalytique du tout

et décarrer en creusant une profonde ornière avec un

pneu super cramponné plus anti-écolo tu meurs,

ou plus constructivement suis je sur le point de m’élancer avec

l’équipe topo sur les sommets environnants pour trianguler

quelques point géodésiques

avant que le soleil ne vaporise  l’horizon et empêche toute

visée optique conforme aux règles de l’art.

Non je me lève un peu tristounet pour ma dernière journée de désert en Jordanie.

Je m’éloigne dans la pénombre attiré naturellement par le rayon de soleil qui commence à tagger la paroi de la montagne en face du campement.

Celui ci devient minuscule et fini par disparaître

derrière un rocher.

Je frémis aux retrouvailles de la solitude.

Je me rappelle d’une traversée de désert dans le sud

algérien entre deux oasis.

Seul avec ma moto et tout plein d’essence je me suis lancé

droit devant en suivant au pif les vagues traces laissées par mes

prédécesseurs sur ce chemin montant, sablonneux, malaisé et dépourvu de la fontaine salvatrice...

Grisé par l’aventure, je suis comme un morpion au faîte de la convexité d’un verre de ray ban posé à plat, on perçoit la rotondité de la terre, j’ai du manquer un repère et filer tout droit là où il aurait fallu virer.

Instantanément tous les sens sont en éveil, surtout ne pas

faire de conneries, pas de demi tour bestial sur sa présumée trace,

de toute façon elle est invisible sur ce type sol, et c’est

le meilleur moyen de se vautrer,d’éclater un pneu j’en passe et des plus stressantes.

Je me suis arrêté pour éviter de paniquer j’ai fait

quelques pas autour de la moto, le moteur en marche,

trop peur de ne pas le redémarrer et petit à petit j’ai

apprivoisé la solitude, au sans réfléchir j’ai rebroussé chemin,

je ne voulais pas sortir trop vite la carte, de toute façon

bien inutile et encore moins la boussole bien aléatoire

sans point de départ. Eviter de dramatiser c’est juste un incident.

J’ai rembobiné sagement mon parcours fautif, retrouvé un

faisceau de pistes, hurlé de joie en retrouvant la piste

principale...

et évité de repartir tout schuss vers mon point de départ, comme je

l’ai fait bêtement une autre fois.

Pas facile de s’orienter quand le soleil est à la verticale.

Aujourd’hui en vieux renard du désert je suis de retour sans

problème au campement attiré par le fumet du petit déjeuner.

Que nous prenons vautrés sur la natte communautaire,

c’est quand même super ces feux de bois qui s’allument et

s’éteignent tout seul pour cuire des galettes de pains

délicieuses,ces jerricans d’eau toujours remplis, m’enfin pour le

folklore j’ai repris l’habitude de me laver les dents, de

me rincer la bouche et de nettoyer la brosse avec la même gorgée d’eau...

et bravo cette logistique qui charge et décharge le 4X4 et sa remorque

en un clin d’oeil.

C’est d’un reposant !

Y a qu’à marcher. Et c’est ce que nous faisons, présentement, pour quelques heures encore avant  de retrouver la civilisation.

Le désert se termine.

On devise gaiement. On batifole. Le trek s’amuse.

Fatigués mais heureux!

La tête toute pleine de la féerie du lieu , des anecdotes de nos accompagnateurs.

J’échange les dernières blagues drôles avec le kiné,

les derniers souvenirs du Liban avec Jhonny,

les dernières bédouineries avec le guide,

je marche de concert (c’est malin !) avec  ma pianiste préférée toujours très élégante sous son ombrelle balancée au rythme de sa foulée d’ancienne coureuse de demi fond.

Nous rejoignons des pick up 4X4 et en quelques minutes brinquebalantes, la tête au vent,beaux comme des princes du désert, se termine notre périple sablonneux.

Le guide nous invite pour une dernière thé party dans le salon de sa maison. Quelques tapis et coussins, pas de meubles, de beaux rideaux évoquant des scènes de lac clair sur fond de prairies verdoyantes (ben quoi y en a bien qui ont des photos de dunes chez eux en France…), une prise de courant avec un chargeur de téléphone portable,modernité oblige, pas de femmes visibles par contre( mais comment font ils pour avoir des djellabas si blanches ?).

Allez tout le monde dans le minibus, la journée est encore longue :

direction la mer rouge du coté d’Akaba.

Nous retrouvons le goudron, la circulation,les klaxons, la vie la vraie...

Quelques emplettes au souk,un dernier repas exotique, qui ne l’est pas en fait vu qu’il est consommé sur place, l’exotisme étant ce « qui est apporté de pays lointains » et nah, merci le petit robert, non non ce n’est pas un membre du trek...

Et le moment tant attendu : baignade en mer rouge !

Nous barbotons longuement, nos dames toutes de deux pièces dévêtues sous l’oeil concupiscent (j’adore ce mot) de poilus autochtones vautrés sur les chaises longues de la plage.

Alors qu’en arrière plan s’active une foultitude de philippins bricolant à la hâte un méga complexe hôtelier.

Sur la rive en face la ville israélienne d’Eilat aux immeubles dont la rectitude des arêtes   est impressionnantes... j’arrête je sens que je vais faire dans le dénigrement primaire.

Et puis clou du spectacle pour la plus grande joie des petits et des grands (nous sommes de différentes tailles dans le groupe..) une grâce locale s’immerge toute de burka, de tchador , de haïk, de gandourah vêtue...par dessus le jean et le tee shirt of course. Quand je vois la nubile je jubile. Avec masque et tuba la méduse va admirer le corail, espérons qu’elle oubliera dans l’eau  la pesanteur des coutumes.

Nous nous calons dans le minibus pour le retour à Amman.

Entre les sacs et le tabouret plastique supplémentaire dans l’allée nous sommes très couleur locale.

D’ailleurs c’est Jhonny qui se le cogne le tabouret. M’enfin y a tout de même personne sur la galerie de toit... on n’est pas si couleur locale au fond.

Nous quittons Akaba et son béton à la Merlin Plage pour retrouver le désert de cailloux, bien plat, bien désespérant. L’horizon s’assombrit, le vent fait rouler des touffes d’alfa qui s’accrochent par ci par là dans les fils barbelés épars, une vraie ambiance de dimanche soir : demain y a école!

Le ronron du car est désinhibant,le groupe s’interpelle,échange des adresses, s’offre des friandises, des boissons,joue à des jeux de société, l’ambiance est jolie colonie de vacances : les enfants sont heureux ils rentrent au bercail les mirettes pleines de fabuleux souvenirs. Ma voisine, la doctoresse,n’est pas franchement à la fête elle. Je sais, depuis le début du trekking, par radio-à-voix-basse  qu’elle a perdu quelqu’un de proche très récemment mais qu’elle  n’a pas annulé pour autant son voyage. Je pressens le pas facilement narrable lorsque elle m’annonce qu’elle redoute son retour at home, retrouver cet appartement vide,tout plein de ces vingt années de souvenirs de vie commune,et que le pas des moindres de ces souvenirs c’était il y a trois semaines la découverte de ce corps mort à quarante cinq ans d’une crise cardiaque...

pub

heureuse diversion d’une personne qui nous offre gentiment de délicieux caramel au chocolat fait maison

fin de pub

Je m’enquiers de savoir s’il y avait des signes précurseurs, était il en mauvaise santé ?

C’était « elle » lippe t elle tristement.

Mais une gynéco obstétricienne c’est la vie. Elle fait l’apologie de cette existence merveilleuse avec sa fidèle compagne infirmière. Des trente deux pays trekkés au golf strasbourgeois à un swing de la clinique elle ne veut en garder que la quintessence, on avisera plus tard pour la revente d’une des deux voitures excédentaires...

Une halte nous fait nous égayer dans un gourbi station service, épicerie, caoua shop, pipi room. C’est ce dernier qui amuse tout le monde, après avoir traversé le dépôt en arrière boutique au milieu des stocks et en évitant de réveiller un dormeur sur une couchette en bois on débarque dans une arrière cour jonchée de détritus et la petite cabane tant désirée par les dames du minibus est là dégueulasse as usual.

Au dessus du tiroir caisse trône un téléviseur qui passe en boucle des images sanglantes de cadavres déchiquetés par des bombes américaines, arabes, irakienne,palestinienne, ,ou autres, peu importe d’ailleurs, tout le monde dans la boutique s’en fout.

On fait le plein de bricoles à manger, et en voiture, la France nous attends.

L’obscurité arrive, terre et ciel sont confondus dans la grisaille, le vent est puissant et lancinant, les camions filent dans la poussière, je suis bien dans mes chaussures de montagne, mon Saint James, avec mon petit sac à dos renfermant toutes mes richesses : passeport et billet d’avion. L’aventure est plaisante au kilomètre 166 de la route Amman Mer Rouge à l’instant Thé, parce que je sais que je peux le fuir ce putain de kilomètre 166 qui est lugubre en diable, je jette un dernier regard au petit garçon qui vend des souvenirs à trois francs six sous, mille fois moins en monnaie locale, et je ne lui ai même pas fait l’aumône  d’une roupie de sansonnet, il m’a dans le collimateur j’en suis sur, la prochaine ceinture d’explosif qu’il mettra c’est pour moi, pour se venger d’avoir foulé son désert moi le gaouri,le roumi,le chrétien étranger avec une moto japonaise, casqué anglais, botté italien, en pillant son sous sol pour le transformer en putain de CO2.

Objection je ne savais pas que ça existait à l’époque !

Et je ne lui ai même pas ristourné un kopeck pour l’indemniser de ce pillage séculaire !

Et puis m… je suis sur que c’est un de ses frères qui a démoli les beaux portillons automatiques de la Gare du Nord que j’ai de mes yeux vus pas plus tard que samedi dernier. Allez on est quitte. 

Mon cinéma intérieur se termine aux portes de Amman.

Faut dire que le dossier du fauteuil devant moi dans le minibus n’est pas équipé d’un écran plasma dernier cri donc je ne pas droit à un super navet hollywoodien bien pensant qui m’aurait distrait de cette période post coloniale désobligeante, la repentance c’est épuisant!

Un hall d’exposition maxi éclairé où trône une mini Cooper S cabriolet est du meilleur effet pour se replonger dans la fébrilité de la vie moderne, allez il n’est pas si archaïque que ça ce pays ! y a des riches aussi !

Arrivée à l’hôtel, douche salutaire, un semblant de fringues propres et rassemblement au restaurant pour notre dernier repas de groupe.

L’ambiance est feutrée, le quant-à-soi est de retour,l’architecte redevient  l’architecte, le dentiste dentiste, la procureur procure de beaux yeux verts, et moi et ben je ne  suis plus vautré sur mon matelas au bord de la natte agapesque du bivouac.

Jhonny n’est plus LE Jhonny, il ne connaît pas la France, ouh, pas pour lui le gros avion demain early in the morning, pas pour lui le charme discret du retour à la civilisation après un trip d’enfer dans des contrées reculées, ouh !Jhonny est condamné à reprendre du désert.

Je rêvasse d’ un souvenir d’ermitage du père de Foucauld du coté de l’Assekrem,wilaya de Tamanrasset,RADP.

Je bavassais avec un géologue du cru. J’aime bien les géologues, c’est pas des ingénieurs, pas des littéraires, le costard ils connaissent pas, bref ils ont un vocabulaire à eux que tu oublies tout de suite et quant tu vois une belle paroi rocheuse bien lisse bien inclinée que tu te dis vingt dieux c’est beau la nature pour eux c’est une dalle structurale et la je reste dans du vocabulaire accessible.

Moi ma seule culture géologique c’est Pierre Termier et la villa éponyme.

Depuis peu le lycée à Grenoble, et encore je ne sais pas où il est…

Et ben mon géologue du cru, non seulement il le connaissait le grand homme mais en plus il m’a fourgué le titre de ses bouquins.

Moi je suis rentré en France pour continuer à contempler les bouquins de PT sur mon étagère pleine à craquer de BD.

Et mon géologue il est retourné à ses chères études.

Bref tout ça pour en revenir à Jhonny et mon désarroi face aux problèmes socioculturels de la doulce France.

Pourquoi ne pas échanger ces gugusses super instruits contre des gugusses un peu moins instruit de part chez nous, on amortirait les charters qui seraient pleins dans les deux sens.

Un écrémage franchouillardesque pourrait être réalisé de la sorte. 

A l’aller une pincée de bobos IDF, un velouté de crème côtière PACA,une grosse louche Bretonne avec quelques pépites Vendéennes,le tout saupoudré de Chti’s bordés de lardons du 9.3 qui deviennent inassimilables par tout organisme à maturité.

Au retour y aurait que du premier choix.

Et… on aurait du me prendre un aller simple pour Amman?

Merci la famille !

Mais tout ceci n’était qu’un mauvais rêve.

Le bel airbus chromé (merci aux Royal jordanian air lines de faire ses emplettes en Eurpoe) nous décharge dans les tubulures simili-intestinales de CDG AIRPORT, quelques villosités plus tard avec une dernière bise autour du tapis à bagages nous nous retrouvons libre de toute obligation de trekking sur le trottoir parisien. Vogue la galère, chacun pour soi. Moi c’est la gare Montparnasse.

J’ai plus de 6 heures d’avance pour prendre mon train. Explications : n’ayant pas l’heure d’arrivée de l’avion en terre chrétienne au moment de ma réservation SNCF ( c’était il y a trois mois !) pour avoir un bas prix j’ai misé sur le dernier dur de la journée pour être large.

Mais Nantes c’est pas le trou du cul du monde et les trains se succèdent.

Je tente ma chance auprès du contrôleur du premier en partance.

Je présente mon billet internet imprimé sur une grande page 21-29,7 finement décorée d’une pub pour un film à la con, à ce dernier baccanté façon Dali. Il ne daigne pas jeter un regard sur ce torche cul pourvoyeur de chômage aux guichets de sa chère entreprise.

Je rebelote avec le contrôleur de la deuxième rame accolée au premier (je parle des deux TGV pas des contrôleurs) qui lui m’explique gentiment que ce genre de billet n’engendre pas la mansuétude de la part des vieux cheminots.

C’est pas grave. En Forrest Gump inextinguible je pars battre le pavé parisien.

Tristounet Paris en ce dimanche de Pâques bien que le soleil soit présent. Le trottoir est chaudasse , de nombreux clodos encartonnés gisent ça et là, peuvent pas se tirer en résidence secondaire comme tout le monde ! De grands noirs baraqués en survêtement blanc et encapuchonnés pissent copieusement contre des poubelles, ambiance… Tiens un cinéma, pile l’heure du film de Piaf « la môme » j’adore sa voix j’en ressors boosté et je me dis que son pote des derniers jours avait bien du mérite et un nom prédestiné  le Théo Sarapo’rte des sous.

Je termine la soirée dans un jardin public en dégustant un sandwich hors de prix de chez Paul le boulanger à la mode. Avec le prix du cinoche je tape allégrement dans le bénéfice du prem’s.

« On ferme » le gardien vieux harki qui-ne-s’en-tire-pas-trop-mal me raccompagne à la grille. Nous devisons sentencieusement sur la décrépitude du sens du devoir, de tout ce qui fout le camp, et du prix de la Peugeot d’occasion. Je le vois regagner sa petite maison de fonction, je l’imagine allant poser prochainement son bulletin FN dans l’ urne pour conjurer les invasions  barbares dont il est le dernier des mohicans.

Le TGV file dans la nuit comme un spermatozoïde, fouetté à 300 à l’heure par un putain d’orage qui ne l’ébranle pas. Je suis dans un wagon de queue spécialement aménagé, ce n’est plus quarante hommes ou huit chevaux mais une dizaine d’usagers, pardon clients, côte à côte sur une banquette et quelques crochets pour pendre des vélos! Un dernier éclair à l’orée de Nantes, ville construite à la campagne, illumine quelques vaches stoïques.

Salut Yves

Salut la Louise

Salut Marguerite

Home sweet home…

 

Demain c’est lundi de paques.

Repos

16 mai 2007

trekking en jordanie le digestif

On a marché trop vite on a presque fini le désert !

Le soleil ne s’est pas encore pointé, la nuit se fait la malle, je me réveille dès potron-minet dans un paysage lunaire, ombre, lumière et cailloux.  Le campement est immobile.

Par ci par là des duvets des tentes la silhouette du 4X4 et de sa mignonne petite remorque.

Je brasse des deux mains mon matelas de sable orange,vautré en croix

sur le dos, encore au chaud dans mon sac de couchage j’anachronisme sec,

vais je me lever pour faire craquer un gros mono rageur qui

déchirera vulgairement le silence du lieu avec son pot

d’échappement pas catalytique du tout

et décarrer en creusant une profonde ornière avec un

pneu super cramponné plus anti-écolo tu meurs,

ou plus constructivement suis je sur le point de m’élancer avec

l’équipe topo sur les sommets environnants pour trianguler

quelques point géodésiques

avant que le soleil ne vaporise  l’horizon et empêche toute

visée optique conforme aux règles de l’art.

Non je me lève un peu tristounet pour ma dernière journée de désert en Jordanie.

Je m’éloigne dans la pénombre attiré naturellement par le rayon de soleil qui commence à tagger la paroi de la montagne en face du campement.

Celui ci devient minuscule et fini par disparaître

derrière un rocher.

Je frémis aux retrouvailles de la solitude.

Je me rappelle d’une traversée de désert dans le sud

algérien entre deux oasis.

Seul avec ma moto et tout plein d’essence je me suis lancé

droit devant en suivant au pif les vagues traces laissées par mes

prédécesseurs sur ce chemin montant, sablonneux, malaisé et dépourvu de la fontaine salvatrice...

Grisé par l’aventure, je suis comme un morpion au faîte de la convexité d’un verre de ray ban posé à plat, on perçoit la rotondité de la terre, j’ai du manquer un repère et filer tout droit là où il aurait fallu virer.

Instantanément tous les sens sont en éveil, surtout ne pas

faire de conneries, pas de demi tour bestial sur sa présumée trace,

de toute façon elle est invisible sur ce type sol, et c’est

le meilleur moyen de se vautrer,d’éclater un pneu j’en passe et des plus stressantes.

Je me suis arrêté pour éviter de paniquer j’ai fait

quelques pas autour de la moto, le moteur en marche,

trop peur de ne pas le redémarrer et petit à petit j’ai

apprivoisé la solitude, au sans réfléchir j’ai rebroussé chemin,

je ne voulais pas sortir trop vite la carte, de toute façon

bien inutile et encore moins la boussole bien aléatoire

sans point de départ. Eviter de dramatiser c’est juste un incident.

J’ai rembobiné sagement mon parcours fautif, retrouvé un

faisceau de pistes, hurlé de joie en retrouvant la piste

principale...

et évité de repartir tout schuss vers mon point de départ, comme je

l’ai fait bêtement une autre fois.

Pas facile de s’orienter quand le soleil est à la verticale.

Aujourd’hui en vieux renard du désert je suis de retour sans

problème au campement attiré par le fumet du petit déjeuner.

Que nous prenons vautrés sur la natte communautaire,

c’est quand même super ces feux de bois qui s’allument et

s’éteignent tout seul pour cuire des galettes de pains

délicieuses,ces jerricans d’eau toujours remplis, m’enfin pour le

folklore j’ai repris l’habitude de me laver les dents, de

me rincer la bouche et de nettoyer la brosse avec la même gorgée d’eau...

et bravo cette logistique qui charge et décharge le 4X4 et sa remorque

en un clin d’oeil.

C’est d’un reposant !

Y a qu’à marcher. Et c’est ce que nous faisons, présentement, pour quelques heures encore avant  de retrouver la civilisation.

Le désert se termine.

On devise gaiement. On batifole. Le trek s’amuse.

Fatigués mais heureux!

La tête toute pleine de la féerie du lieu , des anecdotes de nos accompagnateurs.

J’échange les dernières blagues drôles avec le kiné,

les derniers souvenirs du Liban avec Jhonny,

les dernières bédouineries avec le guide,

je marche de concert (c’est malin !) avec  ma pianiste préférée toujours très élégante sous son ombrelle balancée au rythme de sa foulée d’ancienne coureuse de demi fond.

Nous rejoignons des pick up 4X4 et en quelques minutes brinquebalantes, la tête au vent,beaux comme des princes du désert, se termine notre périple sablonneux.

Le guide nous invite pour une dernière thé party dans le salon de sa maison. Quelques tapis et coussins, pas de meubles, de beaux rideaux évoquant des scènes de lac clair sur fond de prairies verdoyantes (ben quoi y en a bien qui ont des photos de dunes chez eux en France…), une prise de courant avec un chargeur de téléphone portable,modernité oblige, pas de femmes visibles par contre( mais comment font ils pour avoir des djellabas si blanches ?).

Allez tout le monde dans le minibus, la journée est encore longue :

direction la mer rouge du coté d’Akaba.

Nous retrouvons le goudron, la circulation,les klaxons, la vie la vraie...

Quelques emplettes au souk,un dernier repas exotique, qui ne l’est pas en fait vu qu’il est consommé sur place, l’exotisme étant ce « qui est apporté de pays lointains » et nah, merci le petit robert, non non ce n’est pas un membre du trek...

Et le moment tant attendu : baignade en mer rouge !

Nous barbotons longuement, nos dames toutes de deux pièces dévêtues sous l’oeil concupiscent (j’adore ce mot) de poilus autochtones vautrés sur les chaises longues de la plage.

Alors qu’en arrière plan s’active une foultitude de philippins bricolant à la hâte un méga complexe hôtelier.

Sur la rive en face la ville israélienne d’Eilat aux immeubles dont la rectitude des arêtes   est impressionnantes... j’arrête je sens que je vais faire dans le dénigrement primaire.

Et puis clou du spectacle pour la plus grande joie des petits et des grands (nous sommes de différentes tailles dans le groupe..) une grâce locale s’immerge toute de burka, de tchador , de haïk, de gandourah vêtue...par dessus le jean et le tee shirt of course. Quand je vois la nubile je jubile. Avec masque et tuba la méduse va admirer le corail, espérons qu’elle oubliera dans l’eau  la pesanteur des coutumes.

Nous nous calons dans le minibus pour le retour à Amman.

Entre les sacs et le tabouret plastique supplémentaire dans l’allée nous sommes très couleur locale.

D’ailleurs c’est Jhonny qui se le cogne le tabouret. M’enfin y a tout de même personne sur la galerie de toit... on n’est pas si couleur locale au fond.

Nous quittons Akaba et son béton à la Merlin Plage pour retrouver le désert de cailloux, bien plat, bien désespérant. L’horizon s’assombrit, le vent fait rouler des touffes d’alfa qui s’accrochent par ci par là dans les fils barbelés épars, une vraie ambiance de dimanche soir : demain y a école!

Le ronron du car est désinhibant,le groupe s’interpelle,échange des adresses, s’offre des friandises, des boissons,joue à des jeux de société, l’ambiance est jolie colonie de vacances : les enfants sont heureux ils rentrent au bercail les mirettes pleines de fabuleux souvenirs. Ma voisine, la doctoresse,n’est pas franchement à la fête elle. Je sais, depuis le début du trekking, par radio-à-voix-basse  qu’elle a perdu quelqu’un de proche très récemment mais qu’elle  n’a pas annulé pour autant son voyage. Je pressens le pas facilement narrable lorsque elle m’annonce qu’elle redoute son retour at home, retrouver cet appartement vide,tout plein de ces vingt années de souvenirs de vie commune,et que le pas des moindres de ces souvenirs c’était il y a trois semaines la découverte de ce corps mort à quarante cinq ans d’une crise cardiaque...

pub

heureuse diversion d’une personne qui nous offre gentiment de délicieux caramel au chocolat fait maison

fin de pub

Je m’enquiers de savoir s’il y avait des signes précurseurs, était il en mauvaise santé ?

C’était « elle » lippe t elle tristement.

Mais une gynéco obstétricienne c’est la vie. Elle fait l’apologie de cette existence merveilleuse avec sa fidèle compagne infirmière. Des trente deux pays trekkés au golf strasbourgeois à un swing de la clinique elle ne veut en garder que la quintessence, on avisera plus tard pour la revente d’une des deux voitures excédentaires...

Une halte nous fait nous égayer dans un gourbi station service, épicerie, caoua shop, pipi room. C’est ce dernier qui amuse tout le monde, après avoir traversé le dépôt en arrière boutique au milieu des stocks et en évitant de réveiller un dormeur sur une couchette en bois on débarque dans une arrière cour jonchée de détritus et la petite cabane tant désirée par les dames du minibus est là dégueulasse as usual.

Au dessus du tiroir caisse trône un téléviseur qui passe en boucle des images sanglantes de cadavres déchiquetés par des bombes américaines, arabes, irakienne,palestinienne, ,ou autres, peu importe d’ailleurs, tout le monde dans la boutique s’en fout.

On fait le plein de bricoles à manger, et en voiture, la France nous attends.

L’obscurité arrive, terre et ciel sont confondus dans la grisaille, le vent est puissant et lancinant, les camions filent dans la poussière, je suis bien dans mes chaussures de montagne, mon Saint James, avec mon petit sac à dos renfermant toutes mes richesses : passeport et billet d’avion. L’aventure est plaisante au kilomètre 166 de la route Amman Mer Rouge à l’instant Thé, parce que je sais que je peux le fuir ce putain de kilomètre 166 qui est lugubre en diable, je jette un dernier regard au petit garçon qui vend des souvenirs à trois francs six sous, mille fois moins en monnaie locale, et je ne lui ai même pas fait l’aumône  d’une roupie de sansonnet, il m’a dans le collimateur j’en suis sur, la prochaine ceinture d’explosif qu’il mettra c’est pour moi, pour se venger d’avoir foulé son désert moi le gaouri,le roumi,le chrétien étranger avec une moto japonaise, casqué anglais, botté italien, en pillant son sous sol pour le transformer en putain de CO2.

Objection je ne savais pas que ça existait à l’époque !

Et je ne lui ai même pas ristourné un kopeck pour l’indemniser de ce pillage séculaire !

Et puis m… je suis sur que c’est un de ses frères qui a démoli les beaux portillons automatiques de la Gare du Nord que j’ai de mes yeux vus pas plus tard que samedi dernier. Allez on est quitte. 

Mon cinéma intérieur se termine aux portes de Amman.

Faut dire que le dossier du fauteuil devant moi dans le minibus n’est pas équipé d’un écran plasma dernier cri donc je ne pas droit à un super navet hollywoodien bien pensant qui m’aurait distrait de cette période post coloniale désobligeante, la repentance c’est épuisant!

Un hall d’exposition maxi éclairé où trône une mini Cooper S cabriolet est du meilleur effet pour se replonger dans la fébrilité de la vie moderne, allez il n’est pas si archaïque que ça ce pays ! y a des riches aussi !

Arrivée à l’hôtel, douche salutaire, un semblant de fringues propres et rassemblement au restaurant pour notre dernier repas de groupe.

L’ambiance est feutrée, le quant-à-soi est de retour,l’architecte redevient  l’architecte, le dentiste dentiste, la procureur procure de beaux yeux verts, et moi et ben je ne  suis plus vautré sur mon matelas au bord de la natte agapesque du bivouac.

Jhonny n’est plus LE Jhonny, il ne connaît pas la France, ouh, pas pour lui le gros avion demain early in the morning, pas pour lui le charme discret du retour à la civilisation après un trip d’enfer dans des contrées reculées, ouh !Jhonny est condamné à reprendre du désert.

Je rêvasse d’ un souvenir d’ermitage du père de Foucauld du coté de l’Assekrem,wilaya de Tamanrasset,RADP.

Je bavassais avec un géologue du cru. J’aime bien les géologues, c’est pas des ingénieurs, pas des littéraires, le costard ils connaissent pas, bref ils ont un vocabulaire à eux que tu oublies tout de suite et quant tu vois une belle paroi rocheuse bien lisse bien inclinée que tu te dis vingt dieux c’est beau la nature pour eux c’est une dalle structurale et la je reste dans du vocabulaire accessible.

Moi ma seule culture géologique c’est Pierre Termier et la villa éponyme.

Depuis peu le lycée à Grenoble, et encore je ne sais pas où il est…

Et ben mon géologue du cru, non seulement il le connaissait le grand homme mais en plus il m’a fourgué le titre de ses bouquins.

Moi je suis rentré en France pour continuer à contempler les bouquins de PT sur mon étagère pleine à craquer de BD.

Et mon géologue il est retourné à ses chères études.

Bref tout ça pour en revenir à Jhonny et mon désarroi face aux problèmes socioculturels de la doulce France.

Pourquoi ne pas échanger ces gugusses super instruits contre des gugusses un peu moins instruit de part chez nous, on amortirait les charters qui seraient pleins dans les deux sens.

Un écrémage franchouillardesque pourrait être réalisé de la sorte. 

A l’aller une pincée de bobos IDF, un velouté de crème côtière PACA,une grosse louche Bretonne avec quelques pépites Vendéennes,le tout saupoudré de Chti’s bordés de lardons du 9.3 qui deviennent inassimilables par tout organisme à maturité.

Au retour y aurait que du premier choix.

Et… on aurait du me prendre un aller simple pour Amman?

Merci la famille !

Mais tout ceci n’était qu’un mauvais rêve.

Le bel airbus chromé (merci aux Royal jordanian air lines de faire ses emplettes en Eurpoe) nous décharge dans les tubulures simili-intestinales de CDG AIRPORT, quelques villosités plus tard avec une dernière bise autour du tapis à bagages nous nous retrouvons libre de toute obligation de trekking sur le trottoir parisien. Vogue la galère, chacun pour soi. Moi c’est la gare Montparnasse.

J’ai plus de 6 heures d’avance pour prendre mon train. Explications : n’ayant pas l’heure d’arrivée de l’avion en terre chrétienne au moment de ma réservation SNCF ( c’était il y a trois mois !) pour avoir un bas prix j’ai misé sur le dernier dur de la journée pour être large.

Mais Nantes c’est pas le trou du cul du monde et les trains se succèdent.

Je tente ma chance auprès du contrôleur du premier en partance.

Je présente mon billet internet imprimé sur une grande page 21-29,7 finement décorée d’une pub pour un film à la con, à ce dernier baccanté façon Dali. Il ne daigne pas jeter un regard sur ce torche cul pourvoyeur de chômage aux guichets de sa chère entreprise.

Je rebelote avec le contrôleur de la deuxième rame accolée au premier (je parle des deux TGV pas des contrôleurs) qui lui m’explique gentiment que ce genre de billet n’engendre pas la mansuétude de la part des vieux cheminots.

C’est pas grave. En Forrest Gump inextinguible je pars battre le pavé parisien.

Tristounet Paris en ce dimanche de Pâques bien que le soleil soit présent. Le trottoir est chaudasse , de nombreux clodos encartonnés gisent ça et là, peuvent pas se tirer en résidence secondaire comme tout le monde ! De grands noirs baraqués en survêtement blanc et encapuchonnés pissent copieusement contre des poubelles, ambiance… Tiens un cinéma, pile l’heure du film de Piaf « la môme » j’adore sa voix j’en ressors boosté et je me dis que son pote des derniers jours avait bien du mérite et un nom prédestiné  le Théo Sarapo’rte des sous.

Je termine la soirée dans un jardin public en dégustant un sandwich hors de prix de chez Paul le boulanger à la mode. Avec le prix du cinoche je tape allégrement dans le bénéfice du prem’s.

« On ferme » le gardien vieux harki qui-ne-s’en-tire-pas-trop-mal me raccompagne à la grille. Nous devisons sentencieusement sur la décrépitude du sens du devoir, de tout ce qui fout le camp, et du prix de la Peugeot d’occasion. Je le vois regagner sa petite maison de fonction, je l’imagine allant poser prochainement son bulletin FN dans l’ urne pour conjurer les invasions  barbares dont il est le dernier des mohicans.

Le TGV file dans la nuit comme un spermatozoïde, fouetté à 300 à l’heure par un putain d’orage qui ne l’ébranle pas. Je suis dans un wagon de queue spécialement aménagé, ce n’est plus quarante hommes ou huit chevaux mais une dizaine d’usagers, pardon clients, côte à côte sur une banquette et quelques crochets pour pendre des vélos! Un dernier éclair à l’orée de Nantes, ville construite à la campagne, illumine quelques vaches stoïques.

Salut Yves

Salut la Louise

Salut Marguerite

Home sweet home…

 

Demain c’est lundi de paques.

Repos

16 mai 2007

trekking en jordanie le dessert

Wadi Rum, nous voilà.

Après quatre jours de tribulations diverses allant de l'avion à l'hôtel, du minibus en passant par le hammam, la ruine antique

et la boutique de souvenirs nous sommes brutalement largués seuls face à notre destin.

Un petit coup d'Internet pour recadrer le débat.

Le désert de Wadi Rum impressionne surtout par la verticalité de ses roches.

Ses djebels de grès variant du noir au jaune clair, avec une prédominance de rouge,

se dressent à pic ajoutant au sublime des lieux.

Ces roches, comme plantées dans les dunes, ont jailli il y a environ 30 millions d'années et,

depuis, ont subi le poids du temps et de l'érosion.

C'est la plus ancienne strate géologique connue de l'écorce terrestre.

Aujourd'hui, après des millénaires d'accidents tectoniques et de vent,

elles sont creusées, polies et stratifiées et s'élèvent jusqu'à 1854 mètres d'altitude.

Vu le topo ?

Faut pas s'attendre à trouver un PMU ou une pharmacie à chaque détour de dune!

Mais le programme à venir est riche, il est grand temps de décarrer.

Les bagages vont dans le quatre quatre avec sa petite remorque

chargée des matelas, des gamelles, et le stock de nourriture pour trekkeurs-affamés à l'étape.

Ce sera toujours copieux, trop peut être, je ne reviendrais pas les joues creuses, la silhouette famélique, le visage émacié, les yeux délavés de soleil,

comme je l' espérais secrètement...  Au Darfour, la prochaine  fois,peut être?

Le look aventurier devient dur à acquérir.

La voiture s'en va par son chemin malaisé, nous on file droit dans le désert ! Rendez vous ce soir.

Nous entonnons un Halli Hallo galvanisant en nous groupant en serre fil derrière notre nouveau guide

Jhonny perd de son aura, Khaled prend les rênes.

Halli Hallo

Mince et de taille moyenne, drapé dans une sorte de chemise de nuit moulante couleur marron brun,

chaussée de tongs en cuir pourri, il déjantera une fois en cours de route, Khaled marche à petites foulées rapide sur le sable,    

dont il semble ne pas surprendre la stabilité précaire de son grain tant celui ci  ne se casse pas la gueule sous son pas !

Allô Ali?

Notre guide connaîtrait il aussi ce chant altier ?

Plus prosaïquement son téléphone portable à l'oreille il discute avec un pote.

Le peloton allibert a atteint son régime de croisière, guide en tête nous nous essaimons derrière, en solo en duo en troupo au choix!

Partisan de la solitude je suis de temps à autres ré-grégairisé au hasard d'un embouteillage :

oh le beau lézard, oh la belle campanule alors au redémarrage je me trouve parfois flanqué d'un interlocuteur

qui une fois les platitudes relatives au désert épuisés (faut reconnaître que c'est con un désert y a pas grand chose à dire,

la preuve les nomades se sédentarisent, les sédentaires ne se nomadisent pas sauf l'été aux vacances scolaires en camping car

mais la j'arrête on touche à l'enseignement et je ne voudrai offenser personne)

donc disais je pour ceux qui se paument à la faveur d'une parenthèse

on en revient à parler de ce que l'on aime c'est à dire notre boulot.

Il se trouve que mon voisin présentement est un banquier, alors il me raconte des histoires de banques, normal,

je l'écoute mollement repris par la fascination du lieu, lorsque, Allah m'est témoin, il prononça, juré, craché, ces terribles mots en pleine splendeur Wadi Rumesque :

"ce qui m' intéresse c'est le client investisseur, celui qui est informatisable", je scrute dans le lointain un tireur d'élite potentiel qui flinguerait sur place l'intrus,

une balle une seule au milieu du front, même sans musique d'Ennio Morricone, et que la tâche de sang de cet impur s'étiole dans ce sable mirifique.

Hamas ! Fatah ! Hezbollah ! Tsahal! Fou de dieu! que nenni jamais la quand on a besoin d'eux ces branleurs.

C'est moi qui suis touché en plein vol, je vire sur l'aile, perd de l'altitude, et me raccroche in extremis à un gentil groupe de grenoblois qui devisent gaiement.

Je cherche du réconfort, merde la beauté du lieu suggère autre chose que de penser à plumer un client, b... de Dieu.

Hélas trois fois mes grenoblois échangent des plans d'enfer pour éviter les embouteillages du pont de la Bastille à huit plombes du mat !

Nous cheminons donc peinard dans la quiétude du lieu qui racontant ses histoires de banque qui recensant les embouteillages grenoblois

lorsque dans le lointain apparut une caravane de voitures, première vision de poussière avant de ressentir le grondement des moteurs

musique envoûtante entre toute dans la majesté du désert (excusez moi je ne me referai pas !)

des six cylindres pour quelques unes d'entre elles, simple quatre quatre blanc tôlée

des huit cylindres surpuissants pour deux en particuliers, de beaux monstres qui hantent d'habitude nos quartiers branchés européens.

Ici les bêtes s'expriment pleinement, viens mon pitbull viens oh le gros tas de sable!  monte la dessus!

Ces deux voitures sombres aux vitres fumées paraissent être les yeux du convoi,

deux yeux étranges qui furètent autour d'un beau rocher, d'une belle dune,

alors que le reste de la chenille  piétine alentour le temps de cette inspection.

Non le coin n'est pas idéal pour sortir le pique nique et la glacière , c'est reparti !

et le convoi de véhicules renquille queue leu leu la piste dans une puissante montée en régime des moteurs qui hurlent tout ce qu'ils peuvent.

C'est beau ,je vibre, pour trente litres aux cents t'as du Wagner !

" Judes " résume sobrement le guide.

En effet, Israël, à une portée de quatre quatre approvisionne largement Wadi Rum en touristes.

Ils ne seront pas tous confinés dans des bagnoles climatisées.

On croisera lors de l'ascension du Burdah des piétons israéliens.

Flanqués d'un policier jordanien  pour parer éventuellement à toute agression disgracieuse de cette clientèle touristique à haut risque.

Tout seulabre le policier, largement surarmé d'un pistolet à la ceinture, et surtout vêtu d'un pull en laine et d'un pantalon itou

alors que la température ambiante est estivale comme on dit dans tout bon bulletin météo.

(la note de service relative à la tenue d'été n'est pas encore entrée en vigueur dans les forces royales)

Le policier à notre rencontre demande mollement qu'elle est notre nationalité et s'abstient encore plus mollement de vérifier un quelconque passeport.

Mais on cause on cause et le bivouac est la,

j'aurai du m'en douter ça fait un moment que le guide nous a demandé de ramasser du bois pour le soir à la veillée.

Youkaidi Youkaida

Les longues journées s'enchaînent ,nous menant de beaux panoramas en bivouacs festifs,

d'aubes claires jusqu'à la fin du jour,on aime la marche tu sais!

l'arrivée au bivouac est toujours satisfaisante,

c'est le terminus d'une journée riche en émotions archaïques:

du sable, du ciel, de la roche, que de la pureté virginale,

de l'originel, du basique, du spirituel même, n'oublions pas que nous croisons à quelques encablures

de lieux mythiques, j'ai même retenu le nom du Mont Aron, toute ma miche de pain de mon enfance,

vous savez le bouquin où tout le monde il est beau tout le monde il est gentil, jésus, moïse et consorts

et bien ils sont tous du coin, ça m'en foutu un coup de savoir que j'étais à l'épicentre du bonheur sur terre,

enfin c'était il y a deux mille ans, depuis le poids des mots, le choc des photos à chamboulé le paysage,

pas vendeur la paix , faut du sang , des larmes coco.

Notre équipe logistique est la, dans l'attente des explorateurs.

Je ne peux pas m'empêcher de penser à Lawrence d'Arabie.

" La perfection physique des arabes leur permettait de s'étendre, décontractés, sur le sol rocheux, comme des lézards, se moulant à ses aspérités dans un abandon de cadavre "

1917 T.E. LAWRENCE Les 7 sept piliers de la sagesse

J'ai d'autant plus de mérite à me remémorer cette observation d'un racisme affligeant que je ne lirai le bouquin qu'à mon retour de voyage.

Bref ne soyons pas vache, ils peuvent se reposer ces braves gens, les matelas ont été déchargés du  quatre quatre , le goûter servi,

à table ! si je puis dire en parlant de la natte où s'accumulent pâtisseries et boissons.

Nous passons une bonne heure conviviale les durillons à l'air, d'ou l'expression les vacances c'est le pied.

La discussion est sympa, la fatigue aidant les grands parleurs sont calmes, les petits parleurs s'extériorisent,

les plus hardis engagent la conversation avec les bédouins de passage, ça ne manque pas merci la lumière les attire, dans un mauvais anglais,

un moment de plénitude que les fracas de la campagne électorale française ne perturbent pas.

Mais un rapide sondage nous indique que tout le monde il est d'accord pour dîner !

On fini donc rapidement le goûter, on s'égaye dans la nature pour trouver un coin peinard pour poser son petit matelas,

ses petites affaires, son petit chez soi quoi!

J'adore cet instant ou j'étends mon duvet en tapis pour vider mon sac (je ne m'engueule jamais, je suis très conciliant avec moi même)

et inventorier mes richesses. C'est une manie d'une époque où la chaîne de moto graisseuse côtoyait le tee shirt blanc...

Je voulais savoir si j'avais encore un jeu de vis platinée au cas où! Quant au Delco bon ben faudrait mieux pas qu'il tombe en rade.

Cette année c'est plus calme.

J'ai le bouquin de Frédéric Mitterrand " la mauvaise vie" et le je le lis tout en jetant un oeil de temps à autres au coucher de soleil,

à ces dames qui courent comme des folles sur la dune contractuelle à proximité du campement,

ou à Gérard et quelques fanatiques qui escaladent les rochers alentours.

Le cuistot s'active en cuisine, que demande le peuple!

D'être à table...

Ce soir la dépouille d'une chèvre noir nous attends à la porte de la salle à manger!

On dirait un vieux ballon de foot crevé cette peau en vrac au milieu de quelques boyaux.

La tête de la biquette surmonte une pyramide de burghul fin qui comme chacun le sait dès que l'on voyage un peu est du blé concassé.

Nous prenons des photos avec des fines plaisanteries du type je mets la position Anti Yeux Rouges.

Cela s'avéra bon !

Et puis on est sûr de la fraîcheur du produit..

Les soirées sont assez vite expédiées, chants "monte monte flamme légère feu de camp si doux"

sur musique de fond locale crincrintée par un beau bédouin aux yeux de braises ,

une dernière contemplation du cosmos et retour au plumard.

Chut les bronzés dorment...

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16 mai 2007

trekking en jordanie plat de résistance

c'est l'aube ou presque

la joyeuse bande allibert babille à la table du petit déjeuner

les présentations sont faites

Toulouse, paris, Strasbourg, nanties (un couple + bibi)  et Grenoble bien représenté par quatre couples,

n'oublions pas que allibert est d'obédience alpine, d'où la qualité des trekking

(rime pauvre certes mais pub tout de même...)

kiné, magistrat, docteur,banquier, architecte, orthophoniste, ingénieur, prof, étudiante, dentiste, pianiste,

le tout en bonne santé

c'est la France qui gagne  comme sur les affiches de la campagne électorale.

et puis il y a Jhonny.

Jhonny est d'emblée sympa, la vingtcinqaine,

libanais chrétien d'origine montagnarde

il a le sourire permanent il est volubile et intéressant

il vient de finir des études d'archéologie à Beyrouth

à l'université Saint Joseph

mon sang ne fait qu'un tour " j'y étais " si si ! en 1981!

j'avais installé un beau labo de génie civil du temps de ma splendeur VRP international

même que la directeur s'appelait ???

non ce n'est pas Alzheimer répondis je machinalement à quelqu'un qui voulait m'aider

ce n'est pas grave de toute façon Jhonny allait naître deux ans plus tard

pour les souvenirs communs c'est râpé.

Donc Jhonny  traîne ses guêtres en Syrie en Jordanie en tant qu'aide accompagnateur

et pourquoi pas au Liban finaudons nous

en bonnes putes occidentales toujours prêtes à se gausser du bordel chez les autres 

Jhonny reste évasif " les touristes vont revenir " mais il a du mal à vendre son rêve.

aujourd'hui ""on fait Pétra "

"Sculptée dans la roche, secrètement cachée à l'abri des montagnes,

dans un dédale de failles granitiques,

Petra a longtemps tu son existence.

La cité caravanière nabatéenne se laisse désormais admirer,

pas à pas, à la lumière vaporeuse du soleil de Jordanie."

"extrait de "

Sur le web :

Unesco : portal.unesco.org

Office de tourisme de Jordanie : www.mota.gov.jo

pratique le copié collé sur Internet dès qu'il faut faire sérieux mais passons aux choses moins académiques (et pourtant!)

la journée s'achève, le groupe est un peu disloqué, fatigué, ébloui par ce travail titanesque de sculpture sur pierre,

bon d'accord c'est du matériau bien friable, à la petite cuillère ça se bricole, c'est pas comme par chez nous,

le granit rose de perros c'est pour les costauds, cocorico!

Gérard et quelques courageux sont partis faire un itinéraire "galère" pour mieux s'imprégner de Pétra qui il faut le reconnaître

a ses artères principales un peu trop congestionnées par les touristes.

Le peloton restant, accompagné de Jhonny, se prélasse sur la roche chaude.

Jhonny prête l'oreille en direction de quelques jeunes filles qui chantonnent

" mais c'est la chanson de Chada Hassoun, la gagnante de  la Star Academy arabe s'enflamme t il "

il faut savoir que c'était la semaine de la finale et que pour une fois le monde arabe du Maghreb au Machreq  ne c'est pas foutu sur la gueule

on dit merci Endemol

Jhonny veut engager la discussion avec les sémillantes brunes aux reflets bleus et aux dents nacrés

n'oublions pas qu'il a  vingt cinq ans, les demoiselles presque itou, et que les plaisirs de la chair dans ces foutus pays faut se lever tôt pour en apercevoir la queue d'un.

Le groupe a conscience du problème.

Nous sollicitons notre benjamine 19 ans d'engager la discussion, ce sera naturel, mais l'étudiante toulousaine est trop timide.

On me déconseille d'y aller ça ferait  trop pédophile!

Je suggérerai bien à la vice procureur (on a ça en rayon) de faire une rafle:

une association de basanées manifestant bruyamment sur la voie publique c'est du  nanan!

Mais j'ai peur de faire un bide on ne se connaît que depuis ce matin...

Ce n'était pas la peine de se casser la nénette, les demoiselles, en se déplaçant vers un autre point de vue,

traînent suffisamment les pieds devant notre groupe pour que l'osmose se fasse.

Jhonny est à la fête.

Des brides de conversation en arabo-anglo-français nous comprenons que ces dames de Aman sont pour la journée en tourisme scolaire.

Et patati patata, rien de bien transcendant. Mais tout le monde il a l'air heureux.

Patiemment nous assistons en bons blancs à ces mamours arabo-arabe mais il se fait tard : le blanc est fatigué, sale, affamé, grognon même.

On doit arracher Jhonny à ses agapes.

Salauds de blancs!

chic chic chic

la journée culturelle est finie

retour à l 'hôtel à wadi moussa

comme des collégiens nous nous égayons

qui vers la douche

qui vers les  cartes postales à écrire impérativement pour-ceux-restés-en-france

qui vers le bar mais la pour le bar ce n'est pas vrai on est des trekkeurs pas des trinqueurs nuances

j'aime bien le bled de wadi moussa

sa situation en flanc de coteau rocailleux fait que l'on profite au maximum du soleil couchant splendide,

à 1000 mètres d'altitude en ce beau mois d'avril, l'air du soir est limpide et vivifiant.

je sors de l' hôtel

modernité oblige , juste en face : le cybercafé

Je ne m'attarde pas le clavier Qwerty mélangeant lettres arabes et romaines ,

jusque' à quatre fonctions par touche est vite gonflant.

Quant à Internet c'est du style" la vitesse vous manque ?" mais que fait on la bas du côté du clown bar,

y a un marché à prendre !

je m'extasie sur la sobriété des boutiques de fringues, de

chaussures et de bouffe : le mono produit c'est pratique pour

ceux que les emplettes soporifisent,

j'en connais un à la maison qui serait heureux et deux autres qui seraient désappointés...

mais direction le hammâm, le patron de l' hôtel nous a eu une p... de réduction sur le prix de l'entrée

je suis prêt à parier que c'est un cousin qui tient boutique !

presque toute la ribambelle Allibert est au hammâm ce soir

curieusement le lieu est mixte, avec maillot de bain certes, mais

mixte!

Pas de jordanienne bien sur comme dans tous ces pays où l'on est pour la liberté de la femme à condition que ce soit celle des autres.

De toute façon sans mes lunettes et avec la vapeur ambiante je ne reconnais pas grand monde.

En grands enfants on s'éclabousse de seau d'eau froide, on papote couché sur le

dos à même le carrelage blanc les pieds au mur, côtelettes contre bourrelets ou vice versa ,

en attendant le massage au gant de crin, l'onction au savon et la trituration par des mains vigoureuses !!!!!!!!!!!

Elle est pas belle la vie !

Nous nous retrouvons au salon du hammam, vautrés sur les coussins le verre de thé à la main.

refrain

Elle est pas belle .... bis

Le patron du lieu, somptueusement vêtu d'un complet tergal couleur tabac d'orient aux reflets huileux fait du public relation.

D'un regard, d'un seul, il fustige le serveur de thé vers le client en manque.

Il exhibe via la fonction photo de son téléphone portable toute sa progéniture, sa maison, sa bagnole, son chien  ah

non pardon , c'était la dernière brochettes party chez des bédouins, bref il vante tout ceci dans un anglais laborieux

à des clients transcendés par l'exotisme du lieu.

On apprend entre autre qu'il a été dix sept dans la police de la royale air force jordanienne.

Le mystère s'épaissit, nous sommes en plein Tintin au pays de l'or noir.

On cause on cause et le temps passe.

Retour badin à l'hôtel où notre arrivée tardive entraîna la suppression de l'apéritif, à table directement et dodo parce que demain désert !

16 mai 2007

trekking en jordanie hors d'oeuvre

Nantes, un vendredi après midi.

Sur le chemin de la fac Maxence me largue à la gare après avoir déposé Jordan au lycée.

Papa lui il se tire en Jordanie carrément !

Via Paris d'abord.

Je m'affale dans le T.G.V. un peu déboussolé.

Mon sac à dos en une heure je l'ai bouclé.

Un premier remplissage  ou j'entasse pêle-mêle tout-ce-qui-parait-indispensable pour une semaine de trekking.

Je vide le sac et ré enfourne la moitié du tas de tout-ce-qui-parait-indispensable pour une semaine de trekking.

Je vire les sept piliers de la sagesse de Lawrence d'Arabie. Trop volumineux!

Et vogue la galère. Au retour je m'apercevrai comme d'habitude que la moitié de la moitié du sac aurait été encore largement suffisante.

Sur les trottoirs de Paris dernier entraînement du trekkeur fou.

Montparnasse - les Champs-élysées à pied et retour en attendant Nicolas, au boulot lui, avec mes belles pompes pour le désert.

M'en fous du look demain je suis en Jordanie par la grâce de mon grand âge et de mes généreux mécènes.

L'air est frais, l'aventure est au coin de la rue.

Comme un bon pilier de bistrot je m'offre une dernière Leffe.

Les six piliers restants seront ils du même tonneau?

Nicolas est là.

Que la fête commence!

Rue Meslay vous connaissez?

Un havre de paix une fois la lourde porte poussée, la grille du patio déverrouillée, grimpé l'escalier façon grand-mère.

Le silence est juste perturbé par le plop du bouchon de champagne.

La bouteille est vide, au Clown Bar on y va dare-dare. Charcuteries, cochonnailles,tout est bon.

Demain pays musulman je commence donc l'entraînement ...

Samedi l'aventure débute:

Métro à Strasbourg st Denis direction Gare du Nord.

En bon plouc provincial je paie mon ticket pour CDG alors que les tourniquets encore fumant gisent béatement ouverts à tous contrevenants..

De contrôleur, de loubard, néant.

Juste un gratteur de guitare qui nous bassine bien longuement dans ce tag ambulant.

L'aérogare : je suis dans les temps. Files d'attente par ci par là je flâne un peu.

J'admire la puissante montée en éructation d'un fonctionnaire de police immergé dans son bocal en verre pour le contrôle des passeports de voyageurs quittant la France.

Face à lui une belle palette de faciès colorés le harcèle pour qu'il prenne fissa ce merveilleux sésame.

Le ton monte. L' enfermé tape du poing dans le vitrage pour faire reculer la foule jusqu'à la limite de courtoisie peinte sur le sol.

Va donc repousser une foule en délire qui ne songe qu'à déferler dans les boutiques hors taxes alentours.

Le policier, petit brun nerveux costaud déplumé, sort furax de son bocal : il hurle, tape de la rangers dans le portillon en ferraille.

Ses collègues piquent du nez benoîtement dans la dernière consigne B2-4AC modèle 2007 émanant du tout récent Ministère de l'Expulsion et de la Chasse aux Mauvaises Odeurs.

Le sanguin fait une fixation sur une femme drapée dans un sari et flanquée d'une foultitude de paquets cadeaux.

Il l'extrait du groupe, la somme de le suivre chez le chef.

En passant devant le comptoir d'Air India une hôtesse lui demande poliment si cette passagère potentielle sera relâchée dans les temps pour être embarquée

Le policier ronchonne que ce n'est plus son problème : la chefferie décidera!

"Ca va manger " éructe-t- il

Un peu déconcerté par cette sémantique de zone sous douane je me dis qu'il  serait de bon goût que je recolle au peloton de la Royal Jordanian Air Line, j'ai un trekking sur le feu moi !

Le grand silence assourdissant d'avant les catastrophes étouffe instantanément en moi les flammes naissantes de l'aventure.

SURBOOKING en anglais, je me suis fait baiser ma place en bon français!!!!!!!!!!!!!!

Le chef d'escale est courtois, blasé et rodé. Il a déjà le formulaire et le stylo à la main. Direction l'hôtel et demain vous avez un avion kif kif qui vous mènera à bon port etc.  y a pas de problème comme ils disent dans les pays où il n'y a pas de solution. Et en plus on te file un petit bakchich pour ne pas cafter partout que ça surbook chez Royal Couscous.

Un peu penaud, et même carrément embêté pour les gentils organisateurs qui vont m'attendre vainement à Aman, je me coltine mon petit baluchon jusqu'au gourbis réquisitionné par la compagnie aérienne. A titre anecdotique et dans un but purement pédagogique je signale le prix de la chambre : c'est simple si Ségolène est élue, et bien son SMIC réévalué permettra d'y tenir deux jours, enfin deux nuits sans extra, et pas un rond en rab pour le pourboire...

Au fait je suis à l'Hilton Roissy.

Quelques coups de téléphone à la base arrière de Nantes et à la base avancée de Jordanie, tout rentre dans l'ordre.

On est sympa chez Allibert pour les clients vieillissants...

Allez piscine, sauna, dîner : prenons des forces. Les vacances ne font que commencer.

Si je vous dis que j'étais le premier à l'enregistrement le lendemain, vous me croyez?

La nuit tombe sans se faire mal à Aman lorsque nous atterrissons. Accueil courtois et efficace sous les multiples photos d'un roi à la tronche mollassonne. Je ne lui confierai pas un pays mais là n'est pas le but de mon voyage Je suis rapidement dehors. J'embrasserai bien le premier palmier venu dans la douce torpeur du soir tant je madeleine de Proust de fantastiques souvenirs de désert  mais ayons un peu de retenue : je représente la France!

Et puis on m'attends : un chauffeur spécialement affrété pour bibi par Allibert (on est sympa... bis) m'emmène illico rejoindre le peloton que je n'aurai jamais du quitter.

Trois heures de bonheur à percer la nuit, au milieu des camions du désert en suivant les panneaux indicateurs : Arabie saoudite, Yémen.

On s'arrête pour grignoter, je sors mon argent pour régler, ayant fixé le prix avec la marchand. Le chauffeur veut payer :  je suis l'invité ! Le prix est donc à revoir, les palabres s'engagent, ne voulant pas m'ingérer dans les histoires intérieures jordaniennes , regardez les méfaits de la colonisation, je me retire pudiquement sous ma tente, pardon dans le Toyota. La décoration y est superbe, rétroviseur avec main de Fatma incorporée, fanfreluches autour des ouïes de climatisation etc.

Mais tout a  une fin, un peu avant minuit, je rejoins la Scuderia Allibert à l' hôtel dans un bled à une portée javelot du site de Petra, objet de notre unique ressentiment demain matin et de bonne heure.

Je suis content de retrouver Birgit et Gérard, c'est pas du Docteur Livingstone je présume m'enfin ça y ressemble.

Ils me conduisent à ma chambre où mon coloc, la quarantaine sportive, m'accueille gentiment avec une liqueur du Nord, il travaille à Lille, il est ch'timi, ingénieur ch'timiste, pardon chimiste, même qu'il est dans le caoutchouc, les joints de porte pour le T.G.V. et bien  c'est lui, ça c'est de l'extrudé, avant il faisait dans le thermo moulé, vous savez les barquettes alimentaires .

Ron, Ron

allez je suis quand même content d'être de retour au bercail ...

7 mars 2007

quand je serai grand je serai routier

ou l'expertise peut être elle sans dommage sur l'affectivité du convoqué?

Je ne savais pas à la lecture de cette banale convocation à expertise que mon moi allait être aussi profondément mis en émoi.

Le rendez vous avait la connotation guillerette habituelle : protection juridique, litige, différend, procédure, désaccord, présence indispensable, décisions opposables bref tous les ingrédients d'une bonne querelle d'expert, avocat, huissier, assureur. Ces charmants trublions de toute farce sociale où il est juré craché la main sur le cœur, entre les deux y a le portefeuille, que toute la lumière serait faite et justice rendue au faible et à l'eau primée. Lapsus révélateur, vous avez tout compris c'est encore le service des eaux contre le reste du monde.

Musique.

Une mention manuscrite au bas de la convocation précisait que" ce rendez vous ne pourra être modifié Madame X Virginie ( la sinistrée) étant chauffeur routier international ! Allais je comme on dit chez weight watchers me retrouver face à une bande de gros bras prêts à défendre une frêle camarade dans la panade?

Je me regonflais le moral en me remémorant in petto (de trouille) un article récemment lu sur l'univers impitoyable et machiste du routier français alors international je te dis pas! Pas de risque de protection rapprochée de la consœur...

J'arrivais sur le lieu du drame un peu désolé je n'avais pas fini sur france culture une intéressante émission sur les transsexuels. Y en avait un, bobo seizième arrondissement, qui racontait son opération émasculatoire dans une lointaine clinique asiatique. A son réveil il découvre sur sa table un bol de soupe avec quelque morceau plus consistant, pas vraiment affamé il retarde son repas et s'en trouva fort aise lorsque le personnel soignant lui expliqua que c'est une coutume de refiler les restes de l'opération. Certaines religions préconisant d'enterrer l'intégrité du bonhomme même sous forme de puzzle. C'est pour cette raison que vous voyez dans tout bon journal télévisé après un attentat suicide palestinien à l'explosif des gens s'activer pour ramasser à la petite cuillère tous les morceaux de bidoche casher éparpillés ça et là...L'arabe toujours à l'affût d'emmerder le juif a proscrit l'attentat chimique qui peut tuer sans disloquer ! C'est si marrant de regarder les autres bosser bande de feignant !

Mais revenons à des choses moins futiles, j'ai un sinistre dégâts des eaux sur le feu moi !

Un gentil lotissement, une gentille bourgade, une gentille pénombre en ce début d'après midi automnal, de gentilles vaches en toile de fond, la Vendée fière et mystérieuse nous accueille.

La porte de la gentille maison s'ouvre sur une pas vraiment gentille dame. Petit gabarit musclé, manche de chemise blanche retroussée sur avant bras puissant, jean moulant sur fessier nerveux, brune aux cheveux courts, yeux noirs et visage nervuré comme celui d'une statuette en bois avant polissage. Elle nous introduit (sic) successivement dans son antre, l'expert, l'assureur, le promoteur, l'adjoint au maire et le monsieur du service des eaux, ah oui c'est moi je suis bête!

Cette introduction se fit sans douleur entre gens de bonne compagnie, le plus gland en tête pour animer le débat et moi en dernier dans le vestibule pour débourser en cas de dégât...   

Cruelle déconvenue notre hôtesse n'est pas la sinistrée juste la copine qui assure l'intérim de Virginie la routière présentement bloquée sur la route du retour. Bien la peine de nous faire chier avec l'injonction du rendez-vous non modifiable!

En faite de défécation c'est du ouatère de cette dame justement dont il est question aujourd'hui. Je pressens un après midi qui restera dans les annales.

Mais une rétrospective des faits m'apparaît indispensable. Il y a deux ans déjà, l'œil marbré du symbole du dollar d'un promoteur immobilier s'amouracha de ce lopin de terre vendéen et d'un coup de baguette magique surgit de cette ex verdoyante pâture une marvellous cité dortoir pour bipèdes besogneux, un peu tristounets certes, mais si actifs dans cette foultitude de P.M.E. alentour qui font que la Vendée est le département français où il y a le moins de chômage, et nah!

Tout allait pour le mieux dans le meilleur des mondes. Les crédits immobiliers à perte de vue à un taux défiant toute concurrence ronronnaient doucettement. Rien ne venait troubler la quiétude du lieu si ce n'est cette foutue chasse d'eau du 7 rue des acacias qui paressait lamentablement en refusant obstinément d'évacuer manu militari du premier coup de poussoir l'unique objet de son ressentiment.

Le maçon, le terrassier, le plombier, le sanitariste (et oui pourquoi pas on dit bien un séminariste pour un type qui insémine rien...) bref tous ces corps de métiers furent convoqués à expertise, évoqués à résoudre et révoqués pour incapacité.

Dernière cartouche pour anéantir dans l'œuf cette putride affaire qui pourrait nuire à l'aura du promoteur immobilier : convocation du grand collecteur de merde agrée par la commune j'ai nommé le service des eaux. Manœuvre dilatoire absurde j'en conviens, nul autre défécateur de ce lotissement n'a porté le pet, c'est dire si notre canalisation diam 600 est au-dessus de tout soupçon ! M'enfin on prête qu'aux riches... Que l'expertise commence !

Imaginez le hall d'entrée de cette pimpante maisonnette et au fond du couloir tel le saint sacrement dans son tabernacle au milieu de l'abside baignée de la lumière d'un vitrail évanescent : le chiotte ! De part et d'autre de la grande allée de la nef centrale des portes fermées derrière lesquelles peut être gisent des moines reclus... Successivement notre cohorte de men in black ira tirer la chasse d'eau après avoir déposé une modeste feuille de pq dans ce fond baptismal (et femelle ?) impromptu. Une course rapide nous mènera dehors et après avoir dévalé le modeste jardinet nous nous agenouillerons au bord du regard d'égout pour voir passer sans se presser la feuille de papier toilette pompeusement promue marqueur référentiel pour la circonstance. Effectivement tout ceci est bien paresseux et plus nous persistons dans les essais plus tout ceci s’engorge, où est le nœud gordien qui fait cale ?

Alors que l’expertise s’emballait, la farandole des joyeux experts accélérant le rythme entre le tirage de la chasse d’eau et la vision croquignolesque du petit bateau témoin. Certains même n’hésitant pas à faire une roulade dans l’herbe. D’autres à jouer à saute mouton au dessus du nain de jardin de service. Bref on en était au point ou l’adjoint au maire proposait l’enculade au promoteur immobilier lorsque une forte vibration nous saisit et notre horizon s’obscurcit : un immense poids lourd semi remorque vint se garer le long du trottoir. Superbe le bahut mais pas autant que LA Virginie qui en descendit. Jeune, brune au cheveux courts, une dentition impeccable, musclée la où il le faut : une seule pensée je serai routier quand je serai grand ! Elle nous explique son retard, c’est la faute à un putain de convoi exceptionnel qui ne passait pas sous une passerelle piéton, un yacht comac emmerdé par un caillebotis pour ploucs, on aura tout vu. Bref tout le monde y va de son rapport buccal pardon oral à la Virginie qui décrit fort bien son désarroi cabinesque. Imaginez que pas plus tard que ce dernier week end alors qu’elle recevait une tripotée de potes les cagoinces se coincèrent en position halte aux cadences infernales, non n’imaginez pas, passons à autre chose, à la solution finale . C’est la que le monsieur du service des eaux, ah oui c’est moi, je ne m’y ferai jamais, empoigna son téléphone de campagne à fréquence modulée avec liaison satellite et commanda illico une inspection vidéo par camion hydro cureur à boite de vitesse séquentielle comme sur les formules 1, dans le marché de la merde on a les moyens sinon on constipe pardon on s’abstient !

Tout ceci sera réglé sous peu ma bonne dame ! Et la bande de pingouins que nous sommes plia les gaules vers nos petites autos minables garées dans l’ombre du beau bahut de Virginie. Les gaules se plièrent un peu plus davantage lorsque nous vîmes dans nos rétroviseurs Virginie et sa copine s’engouffrer hilares et mutines dans la petite maison vendéenne. 

5 mars 2007

elle est belle

Elle est belle, jean moulant, talons hauts, pull élégant et cool à la fois, le visage balayé par une chevelure blonde qui ondule telle la crinière du cheval au galop.

Non elle ne galope pas, mais elle marche vite, la fesse attrayante pour l’œil du buveur de bière que je suis, attablé à cette terrasse de bistrot avec mon bouquin acheté vite fait pour meubler une soirée qui s’annonce tristounette dans cette ville où je ne me suis jamais fait d’amis, enfin si peu, pas de quoi toquer à leur porte le soir à l’improviste, manière de se faire inviter et tant pis si la maîtresse de maison n’est pas une flèche culinaire, l’important est de ne pas rester seul.

Merde fausse alerte la belle n’est pas libre : elle accorde deux bises à un quidam… ils s’engueulent …ils se séparent et échappent à mon voyeurisme.

Ouf je peux repiquer du nez dans mon bouquin : le célibat c’est bath finalement.

26 février 2007

c'était ma dernière expertise

bon ben nous y voila dans ce nouveau service

oulala  ma pauvre tête on ne change pas comme ça de

boulot mon brave monsieur

faut tout refaire à zéro

à mon âge c'est bon pour le ciboulot

qu'ils disent dans les manuels de parfaite gestion de l'entreprise

prônant la mouvance des masses laborieuses afin qu'elles soient plus corvéables à merci

bref j'ai quitté le service assurance spécialité expertise dégâts des eaux

faut que j'assume dorénavant la gestion du service parc auto

seul côté positif pour le moment je suis repassé du côté client alors les gens sont gentils

même qu'à une poignée de journées près j'ai raté,

je ne suis pas encore dans l'organigramme,

la visite du mondial de l'automobile à Paris , gracieusement invité par les fournisseurs

dommage : la frime, les paillettes, les projecteurs et les gloussements empressés de la valetaille mercantlile costumée de gris ou décostumée de soutien gorge affriolant m'auraient fait du bien

l'acheteur aime être flatté pour la beauté de son carnet de commande

aux dégâts des eaux c'est moi que j'étais le fournisseur et pas avare sur la marchandise

ni sur les délais

et une tonne de matière fécale! une! fumante c'est du belge !

on livre à toute heure  surtout sur les coups de 3 plombes du mat,

mieux que domino's pizza

tiens que je vous narre the last but not the moins best expertise à laquelle j'ai récemment été convié.

C'est une petite maison perdue dans la prairie pardon c'était !

les ZAC, ZIRST,ZUP,ZEP l'ont rejointe

ZUT alors!

Dans les années cinquante eut lieu l'érection de cette maison de bien piètre qualité.

Son géniteur et propriétaire, maintenant au repos dans une espéride locale,

avait dans la foulée conçu un fils de piètre qualité également pour meubler la

petite maison dans la prairie.

Le tout est maintenant devant moi flanqué d'une épouse qui ne dépareille pas

dans la culture locale du navet blafard et d'un expert délégué par leur assurance qui bien qu'austèrement vêtu d'une veste de cuir noir égaye malgré tout l'ambiance pompefunebresque :

comme quoi tout est relatif....

Notre crime : nous avons bien involontairement inondé le sous sol de la masure.

Nous ne savions pas que la flotte est connement soumise aux lois de la

gravitation universelle comme le pastis dans le gosier du poivrot (un volume

pour cinq d'eau merci) et donc en ratant les travaux de raccordement en eau

potable du voisin et ben ça a giclé partout

oh la poirade !

Pas pour tout le monde.

Les dégâts sont minimes mais les lésés entendent bien nous faire payer

un max :

ils tiennent enfin un de ces gredins qui leurs pourrissent la vie.

Car la maison n'a de campagne que l'acceptation militaire du nom : elle est

cernée aux quatre points cardinaux d'une station de lavage en libre service,

d'un garage auto, d'un tôlier et d'un transporteur 24/24 7/7 365/365 !

comme la pub de Tignes pour le domaine skiable ! Classe !

Bon je n'ironise pas pour le moment je compatis...

Jusqu'à un certain point.

Après avoir fait le tour de la maisonnette malmenée, nous nous

asseyons à la table de la salle à manger sauf la maîtresse de maison

qui telle une pionne tournique autour de nous en regardant par dessus nos

épaules les notes croquis calculs et autres fariboles censées soupeser estimer

quantifier l'irréparable outrage infligé à son bien.

L'infâme navet houspille son mari à la moindre faute de français à la

moindre concession à la moindre tentative d'amiablilité

elle tanne l'expert pour qu'il grossisse la facture, pour

qu'il fasse payer les grands les puissants car eux les petits c'est toujours

eux qui raquent et que je t'enfonce le maire du bled et ses copains de la

ZAC, ZIRST, ZEP, ZUT je ne sais plus laquelle, qui construisent polluent

nuisansent sonores sans bourse déliée et que même vous le service des eaux vous

êtes à leurs bottes dès qu'il y a une tranchée à faire, un tuyau à poser : vous

venez à dix avec camion grue tractopelle et pleins de bagnoles au moindre coup de

sifflet de vos maîtres.

Je ne la contredis pas sur ce terrain suranné.

Un ange passe...

Je laisse l'expert se dépatouiller avec sa morue d'assurée.

Par la fenêtre mon regard s'embrouille dans le ciel laiteux de cette fin d'après

midi vendéen.

Je rêvasse pour m'abstraire de la connasse.

Un peu minable cette dernière expertise.

J'en ai connu de plus nobles des problèmes d'hydraulique

Tiens pas plus tard qu'hier, enfin presque,  j'arpentais

la fière république algérienne démocratique et populaire pour le compte du

Secrétariat d'Etat à l'Hydraulique, SEH pour les intimes, et au cours de la

visite d'un fort bel ouvrage datant de la période bénie pour les uns honnie

pour les autres de la colonisation le gardien de ce barrage me montra le

fronton de sa maison de fonction où était gravé le sigle SEH, et tout content il

m'expliqua qu'il lui avait suffi de faire un trait dans le C de l'ancien SCH,

Secrétariat à la Colonisation et l'Hydraulique pour se mettre à

l'actualité post coloniale, période bénie pour les uns honnie pour les autres,

m'enfin pas les mêmes....

A l'évocation intime de cette facétieuse historiette

j'émets sans doute un léger rictus de béatitude aggravée par une récente note de frais avinée au resto du coin.

"je n'aime pas votre sourire  !"

ça a claqué sec comme un coup de trique, c'est l'emmerdeuse qui a

éructé.

Je refais surface en douceur, le silence est profond,

même pas un zonzon de mouche, normal avec ce qu'elles

endurent depuis le début de cette expertise, elles se protègent l'arrière train.

Je perçois le mari livide plongeant le nez dans ses papelards,

J'entrevois l'expert interloqué le doigt en suspens au dessus de la

calculette rédemptrice,

Je conchie la maîtresse de maison et je me laisse aller.

Oui je souris, madame, de vos requêtes nulles que même

votre expert ne peut pas cautionner sous peine d'être la risée de sa profession.

Vous vous vantez d'utiliser votre puits pour ne payer que le minimum

syndical à la commune, avez vous un dispositif antiretour afin de ne

pas venir polluer le réseau public en cas de pollution de ce puits aux eaux

non contrôlées,

de plus vous rejetez vos eaux sales dans le champ en contrebas de votre maison

faute de mettre une pompe de relèvement pour atteindre le collecteur desservant la

rue qui vous surplombe,

je me laisse aller mais purement technique,administratif, législatif

sans une once de méchanceté... je m'en fous, contrefous.

J’expectore des mois,des années, de diplomatie, de conciliation, de dos courbé, de bienveillance, de geste commercial, et autres trouducuteries de la vie en société.

La dame balbutie des ah, euh,oh, mais il fallait nous le dire, kéceconcrin.

Très digne je signe le devis des travaux de réparations qui nous incombent et je me retire tel giscard se taillant de son bureau élyséen pour cause de plantage aux élections.

La Marseillaise en moins.

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le deblognote
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