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le deblognote
26 juillet 2009

merci le loup

Merci le loup !

Le France aime son tour de France cycliste dixit les journaux.

Avachi au bord de ma piscine en ce beau mois de juillet je parcours le journal local, « le daubé » pour ceux qui ne respect rien. Vous aurez compris « le Dauphiné libéré » pour les érudits (sic).

Et je me dis bon dieu le tour de France passe ce jour sous mes yeux, la bas en face en contrebas dans cette vallée du Grésivaudan baignée de lumière.

M'enfin la lumière c'est pour les nantis de l’adret où je suis présentement.

Parce que en face c'est la  pénombre bien que la matinée soit bien avancée.

C'est le versant nord de la montagne, avec ses usines, ses cités ouvrières j’ai nommé les dénantis de l’ubac.

Ni une ni deux je cours n'encanailler avec la prolitude !

Je rejoins les spectateurs déjà massés dans un petit village dont l’étroitesse de la grand’ rue assurera une bonne vision de la chose.

A la queue leu leu qu’il devra le traverser ce bourg sinon c’est l’embouteillage assuré du peloton.

En fait de queue c’est celle d’un loup que je vois de prime abord.

Et puis d’autres trucs bizarres : une dépouille de mouton sanguinolente, des photos de troupeaux idem  de moutons mais au bas d’une barrière rocheuse que ça ne m’étonnerait pas qu’il ait raté la première marche le dit troupeau.

Bref y a un truc. L’explication vient vite. Les bergers manifestent « ne touche pas à mon mouton ». Plutôt petits, belles bacchantes, la galette avachis sur le crane telle la crêpe vautrée en dehors de la poêle réceptrice,  ils brandissent des pancartes expliquant leur action et comptent sur les médias internationaux qui suivent le tour de France pour azimuter every where in the world leur message de ras le bol : les loups pour les bobos, les moutons pour bibi.

Un berger chef drive le tout. C’est le chef je l’ai reconnu c’est simple il a une belle écharpe blanche (c’est con vu la chaleur…) vous savez l’écharpe de Mitterrand, de Messier, de Bové enfin bref l’écharpe qui flashe dans la grisaille que ça attire les regards de la foultitude désespérée à la recherche de son « Yahvé pourquoi tu m’as laissé tomber mais un jour je vivrai mes chansons poupée de cire poupée de son »

    Le chef explique doctement à voix feutrée, on n'est jamais assez prudent, les oreilles ennemies vous écoutent  : « on forme un entonnoir, on ralenti les cyclistes on ne les bloque pas » (tu ne vois pas que les manifestants se prennent un coup de tatane d’une godasse cycliste qui vient de malencontreusement écrabouiller par inadvertance une seringue au haut pouvoir de dopage, c’est le congé maladie assuré, un truc à vous faire regretter une paisible meute de loups le soir au fond des bois).

Bref l’arrangeur de manifestants, qui en fait n’a rien d’un berger mais tout du faux cul manipulateur, une fois  le dispositif en place se tire en catimini vers la berline allemande haut de gamme de tous ceux qui ont des idées à faire exprimer par les autres.

Y en a un qui est bien emmerdé c’est le gradé de la gendarmerie responsable du passage du tour de France dans ce p… de bled. Il bigophone à ses supérieurs. On le console en lui apprenant que le départ de la ville d’étape voisine n’a pas été différé mais que la caravane a pour consigne de rouler au ralenti. Quinze kilomètres pour régler le problème ce n’est pas des masses. Le peloton arrive debout sur les freins comme une machine haut le pied, la vapeur fusant par tous les trous de seringues, les poches de sang oxygéné pendues aux guidons prennent des couleurs vampiriques, même que les boudins martyrisés par les jantes en surplace laissent échapper les réserves planquées de testostérone et de stéroïdes.

Nous dans le village on ne se plaint pas de l’interlude. Il a un effet positif en contrôlant le débit de la caravane. Comme quoi les mots contrôle et positif ne sont pas forcément réducteurs !

Les bagnoles publicitaires se succèdent gaies gaies gaies en couleurs et en plus con tu meurs. Je vous ferai grâce de cochonou-cofidis-wurth-francaise des jeux- bouygues telecom- crédit lyonnais –ag2r (dont un très très con)-veloxygéne-aquarel nestlé et puis non je ne vous en ferai pas grâce car ça permet...ça permet quoi... une pause pipi ! Pub !

Ce n’est pas le message publicitaire qui est le plus attrayant en fait. Mais le curieux équipage qui l’accompagne. Les pom pom girls first. Attachées au véhicule par un cordon qui ne dépareillerait pas des embrasses de rideaux bonne femme elles se dandinent mollement apparemment éreintées en cette fin de tour de France. Elles balancent par-dessus bord les babioles de pub. A chaque giclée une moukère accroupie à mes cotés sur le trottoir éventaille rapidos les jambes pour recevoir la semence tant désirée dans sa large jupe tati. Je bloque de temps à autres une bricole et je lui ristourne aussi sec pour sa plus grande joie, un éclatant sourire doré à l’or massif me remerciant de sous le bob Skoda fraichement réceptionné.

Les pom pom girls sont les seules humaines à l’air libre. Le reste est embastillé derrière les vitres teintées et fermées clim oblige. Les chauffeurs souvent très jeunes, l’oreillette incrustée, le crane rasé, conduisent avec l’air supérieur du subalterne qui fraie avec les grands et se croit de la partie. Je les imagine le soir à l’étape. Tout auréolé de la gloire d’appartenir à la caravane de la grande boucle ils plastronnent devant les groupies provinciales en mal de sensations autres que pavillonnaires ou barre d’hélémesques. Le lendemain les cadors du volant échangeront avec forces détails leurs prétendues prouesses nocturnes.

Certaines voitures transportent du beau monde. Sur la banquette arrière de l'une d'entre elles deux gendarmes, avec pleins de barrettes sur les épaules comme quoi c'est du lourd, dodelinent de la tête avec les soubresauts de la route. Se tenant chacun à une poignée au dessus de leur portière les mains libres restantes appuyées sur la banquette semblent être enlacées. C'est mignon tout plein, dans les cheveux qu'elles devraient être les barrettes.

Une berline aux couleurs d'une banque transporte un triste pingouin tout de costard gris vêtu. Pas frais le cadre dynamique. Y a kékechose qui a foiré à l'étape la veille.

Abus de moules frites? Abus de moule tout court avec une dame de petite vertu? Bref   le futur génie de la finance a les chocottes. Comment expliquer à la bourgeoise qui l'attend pour les vacances avec les enfants à Deauville chez les beaux parents qu'il s'est bloqué une chaude pisse dans la caravane du tour de France. T'inquiète pas mec ça se déclare en 3,6 ou 9 jours  comme les échelonnement de tes crédits à la con. Tu prétextera un taux actuariel brut déficient et le médecin de famille bonne pomme te soignera ça en rigolant.

Tout ça pour dire que la caravane du Tour de France c'est pas très convivial. Les deux France qui s'affrontent : celle du modernisme, du fric, de l'action pourfend à grands coups de klaxons une foule grisaille, obèse, malingre, c'est selon, à qui on jette en pitance des merdes publicitaires.

Mais les cyclistes dans tout ça?

Ça se précise. Une douzaine de motards de la gendarmerie arrivent à la file indienne.

Ils freinent leurs gros cubes pile devant moi . Béquillent dans un bel ensemble. Je kiffe pour faire moderne. En fait je suis un peu jaloux. C'est bath tout de même d'être payé pour faire de la moto. Et puis ils ont un équipement de rêve. Par cette journée de grosse chaleur juste une chemise bleue.

Les avants bras puissants et bronzés ils partent à l'assaut des plus beaux cols alpins de la région. Ouah ! Le chef est superbe avec son insigne parachutiste sur la poitrine. Les bottes sont méchamment astiquées. Belle tête d'aryen que la BMW met encore plus en valeur. Le chef incendie du regard un de ses subordonnés qui esquissait un pas vers le bistrot le plus proche. Il jauge les bergers maigrichons qui ont l'indécence de l'arrêter dans sa walkyrie cycliste. Se retournant vers ses ouailles il se remémore le dernier incident à l'identique. C'était des manifestants d'EDF. Un des belligérants avait eu le malheur de l'attirer par son sifflet pendu à son cou pour mieux lui haleiniser son message. « Je te dis pas le coup de boule que je lui ai filé ». Bref la messe est dite, la route se dégageant les grosses béhémes rugissent et fouette cocher.

Mais les choses s'accélère. Les motards de presse arrivent. Gros brouhaha. A deux par motos on sent les pros. C'est le bordel tout de suite. Ça s'invective. Ça rigole. Ça scribouille, parlouille, telephonouille, filmouille : la planéte va être au courant que les loups font chier!

Mais les pauvres bergers sont bien isolés dans la foule grossissante et les pancartes ne sont plus guère plus visibles. Le barrage a craqué. Le peloton est la. C'est petit un coureur cycliste, avec ses mollets rasés, ses tenues moulantes aux couleurs criardes. Seul bizarrement Lance Armstrong dénote. Sa haute stature, sa gueule volontaire, il fait extra terrestre dans la valetaille ambiante. Curieux. Ils mettent tous pied à terre et passent lentement devant nous comme dans un ralenti qui nous serait exclusif. Merci le loup. Suivent les voitures des commissaires, des directeurs sportifs, quelques dernières camionnettes de pub et la voiture balai. Et le tour qui en a plus d'un dans son sac reparti de plus belle vers les montagnes. Sous l'œil intéressés des loups j'en suis sur. A FR3 local une seule image de la manif, à la télé nationale que dalle. Sale temps pour les bergers.

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